Chaque année en France, 430 000 nouvelles femmes sont ménopausées, franchissant cette étape naturelle du cycle féminin qui marque le terme de la fertilité. Parce que cela suscite inquiétudes et questionnements, rencontre avec Virginie Parée pour transformer ce cap en opportunité de prendre soin de soi.
Vous êtes coach en nutrition. Racontez-nous votre parcours.
Virginie Parée : J’ai commencé ma vie professionnelle en étant cadre commerciale dans une grosse entreprise américaine. Pour des raisons personnelles, j’ai quitté cette entreprise et j’ai rencontré un médecin nutritionniste et médecin du sport qui avait besoin d’un bras droit pour l’épauler, car il voyageait dans le monde entier pour donner des conférences internationales. C’est lui qui en direct m’a formée à la nutrition. En appliquant ses conseils d’abord pour moi et en changeant des petites choses dans mon alimentation, très vite, j’ai trouvé une bien meilleure énergie, avec moins de stress et un meilleur sommeil. Je me suis donc plongée avec passion dans ce monde de la nutrition. Suite à cela, j’ai rencontré le Dr Michel Lallement, célèbre médecin qui s’occupe de maladies auto-immunes et qui est par ailleurs devenu un des grands spécialistes français de l’alimentation-santé. J’ai alors écrit en 2016 le pendant de son livre, que j’ai intitulé « L’alimentation-santé en pratique » (Ed. Pocket), préfacé par ses soins. Ma nouvelle activité centrée sur la nutrition-santé est partie de là, j’ai commencé à suivre en coaching des personnes en surpoids ou qui avaient des troubles alimentaires. Aujourd’hui, j’accompagne ma clientèle en téléconsultation, par des séances en visio dans le cadre d’un forfait, car le coaching en nutrition nécessite un véritable suivi des patients et un accompagnement personnalisé, sur-mesure, car chaque personne a une histoire et un profil uniques, et puis j’interviens aussi dans le Sud de la France à Sophia Antipolis au sein d’une équipe de kinésithérapeutes, ostéopathes et médecins du sport, dans une démarche de santé globale.
Pourquoi ce nouveau livre aujourd’hui consacré à la ménopause ?
V.P. : Ce livre est en fait la suite logique de toutes mes consultations et d’un atelier en ligne sur Facebook pendant lequel j’ai suivi pendant plusieurs semaines des femmes autour de la cinquantaine. D’où l’idée d’en faire un ouvrage pratique résumant toute mon expérience sur la question, avec des focus sur l’alimentation, l’activité physique et la lutte contre le stress, en y ajoutant des conseils naturels et des fiches sur les points d’acupression, sur les pierres, etc. J’ai dans ma clientèle beaucoup de femmes entre 40 et 60 ans, avec lesquelles j’entretiens forcément une relation d’intimité, puisqu’elles me disent des choses qui vont bien au-delà de leur alimentation. Elles me parlent quasiment toutes de leur appréhension de la ménopause avec des questionnements de type « Est-ce que je vais prendre du poids ? », « Que va-t-il se passer en matière de sexualité ? », sans parler de celles qui pensent à tort que leur féminité est terminée. J’ai voulu avec ce livre répondre à toutes les questions que se posent les femmes à cette nouvelle étape de leur vie et expliquer les choses autrement en portant un autre regard sur cette période de vie qui est tout à fait naturelle. Dans beaucoup de pays, ce mot « ménopause » n’existe même pas car c’est un non-évènement.
« Si la ménopause est bien le terme de la fertilité, ce n’est pas la fin de la vie d’une femme, ce n’est pas la fin de la féminité, ce n’est pas la fin de l’amour, bref ce n’est la fin de rien !»
Vous expliquez que la ménopause n’est pas une maladie avec des symptômes, mais une étape naturelle de la vie avec des signes et des inconforts. C’est important d’utiliser les bons mots pour la décrire ?
V.P. : Pour moi, oui. Je fais très attention aux mots que j’emploie car il est important de mettre les bons mots sur les ressentis et les évènements de la vie. Ça peut changer beaucoup de choses. Parler de « symptômes » concernant la ménopause, c’est lourd et c’est erroné, parce que ça renvoie à la maladie. Non, ce ne sont pas des « symptômes », mais ce sont des « inconforts », des changements du métabolisme, à une période de la vie pour les femmes où il se passe par ailleurs beaucoup de choses : les enfants quittent la maison ou sont sur le point de le faire, une routine un peu lassante s’est mise en place, on s’occupe de parents souvent âgés… Bref, c’est une période de la vie qu’il convient de vivre du mieux possible. C’est pour cela qu’avec ce livre je donne des outils pour être en pleine forme. Car il faut comprendre que si la ménopause est bien le terme de la fertilité, ce n’est pas la fin de la vie d’une femme, ce n’est pas la fin de la féminité, ce n’est pas la fin de l’amour, bref ce n’est la fin de rien ! C’est un moment où l’on a tendance à mettre son corps de côté, car on ne veut surtout pas voir les changements dans le miroir – on guette la moindre ride, le bourrelet qui va apparaître -, alors que c’est le moment au contraire où notre corps nous appelle pour qu’on s’occupe de lui, en fait. En plus, on a ce temps-là pour le faire. J’ai pour ma part 57 ans, et je suis encore plus en forme que par le passé.
Pourquoi est-ce encore tabou aujourd’hui la ménopause ?
V.P. : Parce qu’il y a toujours ces injonctions sociétales, qui sont aussi véhiculées par les femmes elles-mêmes comme par les hommes, par les magazines, les films… qui laissent croire que la femme doit toujours être belle, jeune, mince, de bonne humeur, etc. On voit au cinéma des femmes de plus de 60 ans qui sont absolument sublimes et on se demande « comment c’est possible ? ». Il y a toute cette représentation et ces images qu’on nous renvoie en permanence en véhiculant tous ces diktats non accessibles. Mais toutes ces images, on le sait, elles sont fausses ! J’ai toujours eu, au contraire, la conviction que ce qui est important, c’est ce que l’on dégage, que l’on ait 30, 40, 50, 60 ou plus de 70 ans ! C’est vraiment l’énergie, la force vitale, la bonté, l’empathie qui comptent et pas forcément un physique de rêve, car sinon on ne peut que ramer contre la vague. Autant surfer au plus haut de la vague, en tous cas, c’est ce que je propose !
Vous avez fait un sondage auprès de 500 femmes. Qu’est-ce qui en est ressorti en termes d’inconforts ?
V.P. : Il y a d’un côté, des inconforts plus ou moins douloureux à vivre, les bouffées de chaleur sévères et les sueurs nocturnes notamment, mais aussi la douleur psychique liée notamment à la prise de poids et tout ce qui concerne la perte de confiance en soi. Et comme il y a des bouleversements hormonaux pendant cette période, on devient temporairement plus irritable, plus stressée, on se sent incomprise ou rejetée. Et puis, ce qui m’a frappée, c’est ce sentiment de solitude, car de nombreuses femmes croient qu’elles sont seules à ressentir cela.
Cela ne tient-il pas aussi au fait que les femmes sont souvent dans le déni, même entre elles, comme si c’était honteux d’être ménopausée ?
V.P. : Oui, je suis complètement d’accord. C’est vrai que certaines femmes sont aussi responsables de cette solitude, parce qu’elles ne sont pas authentiques et « en vérité » par rapport à ce qu’elles vivent. Dans ce cas, elles s’isolent d’autant plus. Il faut au contraire en parler avec ses amies, son conjoint, son médecin…
Votre livre parle de toutes les solutions naturelles, très concrètes, qui permettent de faire face aux différents inconforts. Mais quel est votre avis personnel sur le traitement hormonal substitutif de la ménopause ?
V.P. : Concernant le traitement de la ménopause, il appartient à chaque femme d’aller voir son médecin ou son gynéco, pour en parler, et tout comprendre des bénéfices comme des risques possibles, avant de faire un choix en connaissance de cause. Chaque femme est différente, donc ça doit être réfléchi au cas par cas avec son médecin, en fonction de sa propre santé, de ses antécédents médicaux et de l’importance des inconforts ressentis. C’est très personnel et ça appartient à chacune.
Parmi les principaux signes d’inconfort et les plus pénibles, il y a les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes qui peuvent être invalidantes, mais il existe tout un arsenal de solutions ?
V.P. : Déjà, ce que je voudrais dire, c’est que le principal ennemi de la ménopause, c’est le stress, qui peut parfois générer une ménopause précoce à la quarantaine, et surtout qui accentue tous les inconforts de la ménopause : les bouffées de chaleur, la prise de poids, la baisse de libido, l’irritabilité, etc. Donc le premier point sur lequel il faut travailler, c’est la gestion du stress. Cela veut dire travailler sa respiration, faire de la cohérence cardiaque 3 fois 5 minutes par jour, marcher au moins une demi-heure par jour car ce mouvement est très aidant surtout en pleine nature, et puis il faut réduire dans son alimentation les sucres rapides et industriels, le café en trop grande qualité, l’excès d’alcool et de mauvais gras, bref tout ce qui va encombrer les émonctoires, compliquer la digestion, et intoxiquer le corps comme le mental.
Vous consacrez pas mal de place dans ce livre à l’alimentation-santé, puisqu’une mauvaise hygiène nutritionnelle à la ménopause va renforcer la prise de poids, la rétention d’eau, le développement de la cellulite… Quels sont les grands principes de base à retenir ?
V.P. : Déjà, manger midi et soir une alimentation très riche en fruits et légumes de saison, qu’ils soient crus ou cuits. C’est la base pour rester en bonne santé durablement. Même si l’on va au restaurant pour manger une pizza, on doit prendre de la salade avec, si on choisit des pâtes, on demande une poêlée de légumes avec, etc. Il est essentiel de manger des produits de saison, parce qu’ils répondent à une problématique du moment de notre métabolisme. Les fruits et légumes d’hiver sont très riches en vitamine C pour renforcer l’immunité, les fruits et légumes d’été sont très riches en eau pour faciliter l’hydratation. Au printemps, ce sont les jeunes pousses qu’il faut privilégier pour faire remonter l’énergie, pour revitaliser l’organisme. Toutes les saisons répondent vraiment à des besoins que nous avons. Il faut par ailleurs manger le moins transformé possible. C’est simple, il faut acheter le maximum de produits sans étiquettes ! Moins il y a de choses sur l’étiquette, mieux c’est, et s’il n’y a pas d’étiquette, c’est encore mieux ! Il y a aussi de bonnes habitudes à garder comme bien s’hydrater car l’eau draine, bien mâcher ce qui permet de bien digérer et de protéger son microbiote, mais aussi privilégier le bon gras (les bonnes huiles, les bons poissons gras), prendre une petite supplémentation en vitamine D qui permet de bien assimiler le calcium, sans oublier le magnésium pour le calme et pour bien dormir la nuit. Ce sont plein de petites choses comme cela qui, combinées ensemble, changent tout !
On parle beaucoup de détox, notamment au début du printemps. C’est quoi la bonne règle ?
V.P. : On a tous des organes émonctoires qui sont là pour faire une détox en permanence (le foie, les reins, les poumons, les intestins…). Notre rôle en conscience est de favoriser ce travail au quotidien par des routines : bien dormir, bien s’alimenter, bien s’hydrater et faire du sport qui est la meilleure détox. C’est aussi terminer sa douche le matin par un jet d’eau froide pour bien stimuler la circulation sanguine et lymphatique, ce qui en plus stimule l’immunité. Je ne suis pas pour la grande détox, sauf si on a fait de grosses erreurs pendant l’hiver et que le corps est vraiment encombré. La santé, c’est le juste milieu au quotidien, à la fois en évitant les excès et en gardant la notion de plaisir qui est très importante. Il ne faut surtout pas culpabiliser à se faire plaisir de temps en temps, parce que ça fait partie de la joie de vivre. Bref, il faut prendre soin de soi tous les jours.
C’est une hygiène de vie au long cours à mettre en place le plus tôt possible, bien avant la ménopause ?
V.P. : Oui, car toutes ces petites routines acceptables par l’organisme et qui ne sont absolument pas des contraintes puisqu’elles deviennent un plaisir, on peut se les approprier jusqu’à la fin de ses jours, de manière à vivre le plus longtemps possible en bonne santé. C’est cela l’objectif, se sentir bien dans son corps et dans sa tête, quel que soit son âge.
« Le principal ennemi de la ménopause, c’est le stress, qui peut parfois générer une ménopause précoce à la quarantaine, et surtout qui accentue tous les inconforts de la ménopause. »
Un message essentiel que vous aimeriez qu’on retienne de ce livre et de votre philosophie de vie ?
V.P. : Déjà de changer de regard sur la ménopause et d’en faire un moment privilégié pour prendre soin de soi et pour redécouvrir son corps et s’en occuper de nouveau. C’est aussi une opportunité de changer ses habitudes et de découvrir de nouvelles routines de nutrition, de santé et de bien-être, pour se faire plaisir et se faire du bien. C’est une autre philosophie de vie, qui nous invite à vivre plus doucement, plus joyeusement. Un moment où il est temps pour les femmes de se recentrer sur elles-mêmes. Et puis, voir cette étape de la vie, non pas comme une fin, mais comme le début d’une autre période pleine d’avantages, car ce n’est pas mal de ne plus avoir ses règles, pas mal de ne plus se soucier de contraception, pas mal d’avoir plus de temps pour soi, pour se faire plaisir et profiter de bons moments avec ceux que l’on aime et qui nous aiment !
Propos recueillis par Valérie Loctin.
SON DERNIER LIVRE
Mon cahier pour une ménopause épanouie
À travers des informations simples, des tests, des exercices pratiques et plus de 50 recettes naturelles de soins et de beauté, ce cahier accompagne les femmes en répondant à leurs interrogations et en leur proposant des clefs concrètes à mettre en œuvre pour vivre une ménopause sereine et épanouie. Rester en forme et ne pas prendre de poids grâce à l’alimentation adaptée, stimuler les hormones du bien-être par des gestes simples, mettre en place un contexte favorable au sommeil, mieux traverser les émotions qui nous assaillent, réduire les bouffées de chaleur… Ce guide donne des réponses faisant appel aux techniques et aux soins naturels tels que les tisanes, les huiles essentielles, la phytothérapie, la lithothérapie, la réflexologie, la cohérence cardiaque, la respiration basifiante, le yoga, etc.
De Virginie Parée, Editions Mosaïque Santé, 72 p., 9 €.