Considéré comme un puissant outil de guérison aux nombreux pouvoirs subtils, le tambour est utilisé depuis la nuit des temps dans des soins au service de notre harmonie intérieure et de notre santé holistique. Rencontre avec Laurence Herlin-Lemaire, praticienne en soins au tambour.
Vous pratiquez des soins holistiques au tambour. Quels sont ses objectifs pour le patient et pour quels bienfaits ressentis ?
Laurence Herlin-Lemaire : Cette pratique de soins holistiques est une thérapie qui prend en compte le patient dans sa globalité, c’est-à-dire aussi bien le corps que l’esprit et pas uniquement le symptôme ou l’état de mal-être qu’il exprime ou que son corps exprime par la maladie. C’est grâce aux battements du tambour qui émettent des vibrations accompagnées par ma voix que cela induit un état modifié de conscience qui permet d’effectuer des nettoyages et des ré-harmonisations chez le patient.
Le tambour chamanique est considéré depuis des millénaires dans de nombreux pays comme un art sacré. Expliquez-nous son histoire en quelques mots.
L. H-L. : L’origine même du mot chaman ou chamanisme n’est pas avérée, une des pistes hypothétiques viendrait de Sibérie et signifierait « celui qui sait » ou « celui qui s’agite », en référence sans doute aux chants et danses traditionnels. Il n’y a pas un chamanisme mais des chamanismes, comme autant de connections humaines et de pratiques spirituelles transmises par les peuples repartis partout dans le monde et nommés « natifs » ou « premiers ». Le tambour est un des objets de pouvoir symbolique de ce chemin humain universel de soin qu’est le chamanisme, en lien profond avec la nature et les mondes subtils qui nous entourent.
Pourquoi est-il selon vous un puissant outil de guérison du corps comme de l’âme et de l’esprit ?
L. H-L. : Le tambour chamanique est un outil sacré, ce que l’on nomme objet de pouvoir. Il est très souvent le prolongement symbolique du corps de son détenteur, une manifestation dans le visible de l’invisible. Il est à la fois un moyen d’accès à des réalités subtiles et un solide outil de guérison agissant dans tous les domaines. En tant que pratiquante de l’Art du tambour Sacré qui m’a été transmis par Medhi Agag (La médecine de l’Aigle) lui-même disciple de la fondation d’études chamaniques de l’anthropologue Michael Harner, le tambour m’a appelée un jour, comme une évidence et j’ai été amenée à fabriquer moi-même mon « accessoire » en peau de cerf et en bois.
Comment définiriez-vous votre lien subtil à cet objet ?
L. H-L. : Tel Geppetto, j’ai donné vie à ce bel objet auquel je me sens intimement liée, il s’anime sous mes doigts grâce à la mailloche qui frappe sur la peau tendue en s’inscrivant dans une sorte de continuité vibratoire de mon corps. C’est alors le son du tambour qui guide ma posture, ma voix et qui se syntonise avec moi pour livrer un message de paix comme un intercesseur entre deux mondes. Aujourd’hui je ne suis encore qu’un apprenti dans cette expérimentation, car ce n’est pas parce qu’on fait une prière qu’on est prêtre et ce n’est pas parce qu’on entre en transe qu’on est chamane, comme l’écrit Corine Sombrun dans son ouvrage « Réveillez le Chaman qui est en vous ». Il faut connaître sa manipulation pour accéder humblement à ses forces en action et il est important de le manipuler en conscience et fort des connaissances liées à ce qu’il déclenche ; c’est dans cet esprit que je m’efforce de travailler.
Quand avez-vous découvert le tambour ?
L. H-L. : Ma première rencontre avec le tambour s’est faite grâce à Florence Pedriel Vessière, au cœur d’une yourte à Opoul Perillos dans les Pyrénées-Orientales, lorsque j’ai reçu la transmission des 13 mères originelles, 13 gardiennes amérindiennes. Il s’agit de 13 principes féminins d’évolution rassemblés autour d’une roue de médecine, elle-même transmise par Jamie Sams (1951-2020) qui était une chamane, métissée avec des origines européennes et indiennes des tribus Cherokee, Seneca, Choctaw et Mohawk. Elle disait ceci : « Aujourd’hui, il est nécessaire que toutes les femmes connaissent le Cadeau qui leur a été légué pour se soigner elles-mêmes, avant qu’elles n’envisagent de soigner les autres ou de s’occuper d’eux. Ainsi le côté féminin n’aura plus besoin de s’affirmer de façon hostile ou colérique, ni de manipuler ou de faire des séparations pour camoufler ses vieilles souffrances. Dès lors, les femmes pourront manifester les modèles de guérison qu’elles représentent chacune, incitant les autres par leur exemple, et non en des termes masculins de compétition ou de conquête. Elles permettront ainsi que notre monde trouve un nouveau point d’équilibre entre hommes et femmes ».
Quel a été votre parcours pour comprendre son enseignement ?
L. H-L. : Pendant 13 mois, j’ai été accueillie dans des cercles de femmes autour de l’enseignement des 13 Mères originelles. Et ce fut à chaque fois un moment fort de sororité. C’est dans ce cadre précis, par cette transmission des enseignements, que j’ai ressenti l’envie de servir le monde par la résonnance du tambour. Puis du Féminin sacré, je suis allée vers le Masculin sacré ; il n’y a qu’un pas, un pas « sage » que j’ai effectué en compagnie de Medhi Agag qui reprend les enseignements de Michael Harner. Ce dernier a voulu démontrer que le chamanisme appartient à toutes les cultures du monde, y compris à notre culture occidentale qui l’a pourtant très longtemps renié, et que le personnage du « chamane » est voué à s’adapter et à se transformer avec le temps, comme il l’a fait depuis des millénaires. C’est en tissant des liens d’amitié avec certains chamanes de ces cultures – dont la célèbre chamane pomo Essie Parrish -, qu’il découvrit que selon les contextes géographiques et culturels, le chamanisme était très souvent pratiqué en utilisant le son percussif du tambour, sans prise de plantes psychotropes. Comme il l’explique dans La Voie du chamane, « en un sens, le chamanisme est en train d’être réinventé parce que l’Occident en a besoin ».
Comment se déroule votre soin au tambour ?
L. H-L. : La séance individuelle se déroule en 1H/1H15 environ, mais se divise en plusieurs temps, une première partie se consacre à un dialogue, puis la seconde partie au soin sonore. Nous organisons également des ateliers et des séances de groupe.
A qui s’adresse ce soin et pour quels résultats ?
L. H-L. : Il s’adresse à tous ceux qui éprouvent le besoin de prendre rendez-vous avec eux-mêmes, afin de renouer avec la nature, les plantes, les animaux et les notions séculaires associées aux soins de l’âme et de l’esprit, pour vivre mieux l’instant présent. Mon approche est d’aider humblement à décongestionner le corps du patient de ses pensées négatives ou de barrer un émotionnel trop débordant, en guidant cette personne vers son maître intérieur, car seul ce dernier sera son guérisseur.
Propos recueillis par Valérie Loctin.
Pour en savoir plus : @L’Aura en Soi (Facebook), par mail : lauraensoi66@gmail.com