Michel Sardou compte parmi les chanteurs français les plus populaires de sa génération. En plus de presque cinquante ans de métier, il a enregistré 23 albums studio, plus de 300 chansons et vendu près de 100 millions de disques. Celui qui se définissait comme un ours dans sa première autobiographie, connu pour sa verve et son franc-parler, vient de sortir un nouveau livre qui révèle toutes les facettes de sa personnalité aussi attachante qu’authentique.
MICHEL, L’ENCHANTEUR
Voici un acteur né, devenu chanteur par le plus heureux des accidents. Au milieu des années soixante, il rêve de Comédie Française mais passe une audition chez Barclay, tiré par la manche par un certain Michel Fugain. Depuis quasiment 50 ans, Michel Sardou enchante des générations de fans, et pourtant l’homme reste une énigme, aussi loin que possible de la presse people et des paillettes. Tantôt gueulard, franchouillard, poète ou tendre, souvent politique au sens noble du terme, il semble insaisissable. Sardou est le chanteur de variété par excellence, un artiste sincère qui endosse ses chansons, tel un acteur, en fidèle héritier d’une brillante lignée de comédiens. De ses premières bravades à ses dernières ballades, voici un artiste authentique, marqué par la vie, avec ses joies et ses fêlures, un homme complexe, parfois énervant, mais toujours terriblement attachant, comme le décrit le journaliste et biographe, Simon Cassati dans « Michel Sardou : une vie en chantant » (City Editions).
ENTRE CONVICTIONS & PASSIONS
Autre biographe, spécialiste de musique et de cinéma, Frédéric Quinonero le dépeint dans « Michel Sardou : Sur des airs populaires » (City Editions), comme un homme discret, presque secret, derrière son visage impassible. Et pourtant, explique-t-il, depuis cinquante ans, Michel Sardou collectionne les succès sous les feux des projecteurs. Au-delà de son exceptionnelle carrière, sa biographie de l’artiste, étayée de nombreux témoignages, lève le voile sur le véritable Sardou. On découvre un enfant de la balle né dans une famille de saltimbanques, un jeune homme qui se rêvait artiste, et qui a dû surmonter bien des obstacles pour conquérir sa place sur scène. Un homme qui a toujours refusé les faux-semblants. En clair, le portrait d’un homme préservant farouchement sa vie privée, avec ses convictions, ses colères, ses contradictions et ses passions, un monument de la chanson française resté simple et profondément humain et authentique.
« Je suis incapable de la justifier ou seulement de l’expliquer. Je vis au jour le jour avec le hasard comme boussole. Ça va, ça vient, ça me suffit. »
UN IMMENSE SUCCÈS POPULAIRE
Qui ne connaît « Les Ricains », « Les Bals populaires », « Et mourir de plaisir », « La Maladie d’amour », « Les Vieux Mariés », « Je vais t’aimer », « La Java de Broadway », « En chantant », « Les Lacs du Connemara », « Etre une femme »… ou « Chanteur de jazz » ? Malgré les nombreuses controverses qui ont éclaté tout au long de sa carrière avec des chansons telles que « Le France », « Le Temps des colonies », « Je suis pour », « Les Deux écoles »… ou « Le Bac G », Michel Sardou reste l’un des artistes français les plus marquants des cinq dernières décennies. Derrière tous ses tubes, on redécouvre le parcours d’un artiste sans concessions, volontiers provocateur dans une époque bien trop aseptisée à son goût.
UN ENFANT DE LA BALLE
Michel Sardou est né le 26 janvier 1947 à Paris. Enfant de la balle, ses parents Fernand et Jackie Sardou sont comédiens. Fils unique, il marche rapidement dans les pas de ses générations, faisant de la figuration aux côtés de sa mère. Après l’arrêt de ses études, son père l’engage dans son cabaret à Montmartre. Parallèlement, il s’inscrit au cours de théâtre d’Yves Furet et y fait la connaissance de Michel Fugain avec lequel il va nouer une solide amitié. Les deux artistes composent ensemble leurs premières chansons, mais les débuts sont difficiles. C’est la polémique à la sortie de Les Ricains, en 1967 en pleine guerre du Vietnam, qui va contribuer à révéler le jeune chanteur au public. En 1970, le tube Les Bals populaires se hisse en tête des classements et lance définitivement sa carrière avec de nombreux tubes.
Michel Sardou épouse la danseuse Françoise Pettré en 1965. Le couple a deux filles, Sandrine et Cynthia, puis divorce. Le chanteur se remarie avec Elizabeth Haas (dite Babette) en 1977. Ils ont deux fils, Romain et Davy. Ils divorcent après plus de vingt ans de mariage. Le 11 octobre 1999, Michel Sardou épouse en troisièmes noces Anne-Marie Périer, ancienne rédactrice en chef du magazine Elle. Après avoir habité en Corse, à Miami et à Megève, Sardou réside depuis 2010 dans un manoir du XVIe siècle situé à Benerville-sur-Mer, dans le Calvados, près de Deauville.
ENTRE CRITIQUES & SUCCÈS
Après une période plus difficile au milieu des années 70 où il se heurte à la critique avec plusieurs titres, c’est dans les années 80 qu’il connaît un énorme succès avec les tubes Etre une femme et Les Lacs du Connemara. En 1990, il remporte la Victoire de la musique du meilleur interprète masculin, puis en 1999, celle du plus grand nombre de spectateurs. Sa carrière se poursuit entre albums et pauses. En 2017, il annonce qu’il arrête sa carrière de chanteur à l’issue de la tournée La dernière danse. Il donne son dernier concert à La Seine musicale en avril 2018 et publie un album live du même nom que la tournée.
SUR TOUTES LES SCÈNES
Michel Sardou, qui a fait très jeune ses premiers pas devant une caméra, décroche son premier vrai rôle au cinéma en 1982 dans L’été de nos 15 ans. En 1990, il rejoint le casting de Promotion canapé, puis fait une incursion sur le petit écran avec le téléfilm L’Irlandaise. En 1996, il obtient son premier rôle au théâtre dans Bagatelle(s) où il partage l’affiche avec Natacha Amal et Frédéric Diefenthal. Depuis le comédien est régulièrement sur les planches au théâtre : Comédie privée, Secret de famille, Si on recommençait. En 2016, il joue dans Représailles d’Eric Assous aux côtés de Marie-Anne Chazel. En septembre 2019, il figure en tête d’affiche de la pièce N’écoutez pas, mesdames ! de Sacha Guitry, au théâtre de la Michodière, avec notamment Nicole Croisille pour partenaire.
« Je n’ai aucune envie de régler mes comptes. La rancune m’est étrangère. Le passé appartient au passé, qu’il y reste ! Et puis quoi ? Nous sommes tous un jour le con d’un autre. Les miens me le rendent bien. À quoi bon refaire le match ?»
UN ARTISTE PUDIQUE QUI SE DÉVOILE
Après sa première autobiographie parue en 2009, Michel Sardou a accepté de revenir à l’écriture de ses mémoires au printemps 2021, en publiant « Je ne suis pas mort… je dors ! » (XO Editions). Il démarre ses propos en écrivant : « Parler de moi est un exercice éprouvant. Quel recul puis-je avoir ? Tout au plus : donner ma version personnelle des aléas rencontrés durant une vie. Cette idée ne me plaît pas. Une chronologie m’emmerde. J’ai promis la vérité, je vais m’y tenir. ». Dans ce dernier ouvrage, l’artiste au grand cœur a choisi de faire parler sa mère d’outre-tombe « parce que je sais qu’elle me connaissait par cœur. Ses questions m’obligent à répondre franchement… Sans elle, ma petite histoire se résumerait à une merveilleuse chanson d’Aznavour : « Je dirai pour ma défense, j’ai vécu. » Je suis incapable de la justifier ou seulement de l’expliquer. Je vis au jour le jour avec le hasard comme boussole. Ça va, ça vient, ça me suffit. » Nous, non ! Du Michel Sardou, on veut en écouter encore et encore ! Raison de plus pour aller fredonner toutes ses chansons lors de la tournée de la comédie musicale « Je vais t’aimer » en 2021 et en 2022. V.D.