Hippocrate, le père de la médecine, faisait partie de ces philosophes grecs les plus influents du monde occidental. Il s’efforçait de traiter le corps dans son ensemble et expliquait que la nature possède en elle-même un pouvoir de guérison.
Il considérait que le rôle du médecin était d’aider la nature à faire son travail. Il faisait référence aux humeurs au nombre de quatre : le sang, la lymphe, la bile noir et la bile jaune. Que toute maladie était la conséquence d’un déséquilibre de ces humeurs, en manque ou en excès.
Ses théories
Il préconisait la diète pas uniquement liée à l’alimentation mais à l’ensemble du mode de vie. Lors de l’interrogatoire, il donnait une importance majeure à relever l’ensemble des antécédents du patient. Il palpait la densité des tissus, la mobilité des organes, ressentait l’écoulement des fluides circulants dans le corps.
Existe-t-il une médecine qui reprend aujourd’hui ces théories ? A quelle population est-elle destinée ? Pourquoi a-t-elle été abandonnée par la médecine conventionnelle ? Autant de questions dont les réponses vont être apportées dans cette rubrique.
Cette médecine existe
Vous connaissez son nom puisque plus de 30 000 professionnels la pratiquent en France mais combien d’entre eux respectent ses principes fondamentaux qui rejoignent la définition d’Hippocrate ? Cette médecine du futur, c’est l’ostéopathie. Si vous pensez que l’ostéopathie consiste à replacer les os en réalisant des manipulations, vous vous trompez mais surtout vous vous privez d’une médecine qui peut venir à bout de vos douleurs chroniques qui nuisent à votre bien-être quotidien et interfèrent sur votre équilibre nerveux. La présentation qui suit va vous permettre de mieux comprendre ce que l’ostéopathie peut vous apporter.
L’artère est souveraine
Ce principe qui définit en partie l’ostéopathie, est par expérience celui qui me paraît essentiel. Le corps n’a plus de vie lorsque cesse le circulation du sang et c’est au niveau des capillaires sanguins, passage des nutriments et du di-oxygène vers les cellules, que s’installe le trouble fonctionnel qui peut évoluer vers la maladie.
Ainsi, pour obtenir un soulagement durable et prévenir la survenue de la maladie, le premier objectif de l’ostéopathe est de rétablir un flux artériel correct de façon à ce que les 25% de capillaires qui doivent être actifs pour assurer des fonctions normales de l’organisme, soient vascularisés.
Le plombier du corps humain
Vous pouvez vous poser la question de savoir comment les mains d’un ostéopathe peuvent agir sur la circulation du sang ? Imaginez qu’une artère soit comprimée par un organe dans le ventre ou bien au niveau d’une articulation, la levée de la compression libère le flux sanguin qui est immédiatement ressenti par le patient sous forme de chaleur ou de fourmillement, comme si un liquide se mettait à mieux circuler dans son corps. La pression du sang dans les artères est telle qu’en cas de rupture, le sang jaillit à plus d’un mètre cinquante.
Les compressions initiales se situent dans l’abdomen en cas de troubles digestifs tels que les ballonnements, la constipation chronique, l’augmentation de la densité et du volume du foie… Des tensions musculaires secondaires insidieuses ou d’origine traumatique au niveau des articulations, peuvent aussi exercer une compression du canaux anatomiques que traversent les vaisseaux.
Le mode d’action de l’ostéopathe consiste à des mobilisations douces dans le ventre en prenant un contre appui sur la colonne vertébrale afin de relâcher les parois très vascularisées qui relient les organes entre eux et s’attachent au squelette par une fine membrane qui tapisse la paroi interne de la cavité abdominale, le péritoine. L’amélioration de la circulation du sang se vérifie par la synchronisation de l’onde de pouls ressentie sous la pulpe des doigts de chaque main. Cette action mécanique apporte un soulagement rapide mais n’empêche pas une récidive si le mode de vie en cause n’est pas pris en compte. Le mode de vie et plus particulièrement de l’hygiène alimentaire prend ici toute son importance.
« Chercher la cause, retirer l’obstruction et laisser le remède de la nature, le sang artériel, être le docteur » (Dr Andrew Taylor Still, fondateur de l’ostéopathie).
Un peu d’histoire
Les Etrusques qui ont fondé Rome, auraient amené les connaissances des Pharaons au Continent européen. Experts dans le domaine de la prévention, ils donnaient beaucoup d’importance à l’hygiène personnelle, à l’alimentation, à l’activité physique et au cadre de vie. Ils portaient un intérêt particulier à un organe, le foie, qu’ils considéraient comme le siège de la vie.
La Kabbale hébraïque définit le foie comme la situation physique de l’âme et le cerveau comme le poste d’écoute. Etrange coïncidence, car c’est le foie qui secrète la bile décrite par Hippocrate comme un des fluides responsable de la survenue des maladies et de la régulation des humeurs. Trop de bile noire causait la mélancolie, trop de bile jaune rendait colérique.
Le couple foie – diaphragme
Rétablir l’équilibre de ce couple est une étape incontournable que les ostéopathes doivent considérer comme un tronc commun dans tous les traitements quel que soit la nature du trouble fonctionnel. Le foie est un organe omnipotent, toutes les fonctions du corps humain en dépendent avec cependant une grande différence, contrairement aux autres organes, il souffre en silence. Lors d’une insuffisance fonctionnelle, il ne peut se manifester par la douleur. La médecine n’a donc pas de points de repère et ne peut diagnostiquer que les formes tardives pour lesquelles les thérapeutiques sont peu efficaces et pourtant son impact sur la circulation du sang est prédominant. De façon mécanique, la tension qu’il exerce sur le diaphragme fixé sur les six dernières cotes et sur les premières vertèbres lombaires, comprime les deux grosses artères qui partent du coeur et véhiculent le sang vers le haut et le bas du corps.
La palpation
Hippocrate préconisait un examen clinique approfondi afin d’établir le diagnostic. Il procédait par palpation, c’est précisément le moyen utilisé par les ostéopathes pour apprécier la mobilité des organes, la souplesse des tissus, la densité des muscles, la texture du foie… l’organe le plus volumineux de l’organisme.
La diète
Hippocrate recommandait la diète comme le premier des traitements « Que ton aliment soit ton médicament » mais pas seulement. Il englobait l’ensemble du mode de vie. Dérivée du grec « diaita », la diète signifiait de façon plus générale la manière de vivre. En cas de pathologies chroniques, les recommandations d’hygiène alimentaire sont une clé indispensable à la guérison. Le ventre où se logent les organes digestifs sont, après le couple foie-diaphragme, la partie du corps où les compressions vasculaires sont les plus fortes ce qui conduit nécessairement l’ostéopathe à recommander une alimentation saine et équilibrée.
La lymphe
Hippocrate faisait également référence à ce troisième liquide qui épure le sang. La lymphe s’écoule dans les vaisseaux lymphatiques qui recueillent certains déchets, des virus, des bactéries et des cellules endommagées provenant de l’intérieur des tissus du corps pour les transporter jusqu’aux ganglions lymphatiques afin qu’ils puissent être évacués et détruits. Ce travail est réalisé par les globules blancs, ces cellules dénommées lymphocytes qui sont synthétisées dans la moelle osseuse et stockées dans la rate. Raison pour laquelle le sang traverse la rate avant d’être véhiculé jusqu’au foie où il se charge des nutriments issus de l’intestin pour les transporter jusqu’aux cellules.
Et pour boucler cette logique vasculaire, la moelle osseuse étant très vascularisée, en cas de mauvaise circulation, non seulement le système immunitaire s’affaiblit mais l’arthrose fait son nid car ce sont les cellules osseuses qui synthétisent les cellules cartilagineuses.
L’anamnèse
Hippocrate met l’accent sur le récit des antécédents pour comprendre comment le trouble est survenu. Cette première étape de la consultation est pour lui un des points forts de la médecine. L’anamnèse permet en effet d’établir un diagnostic qui définit la maladie que des examens complémentaires valident. Le médecin prescrit ensuite le traitement médicamenteux le mieux adapté pour traiter le symptôme.
Concernant des troubles fonctionnels ou des pathologies dites légères qui ne sont pas des maladies, les facteurs liés au mode de vie sont rarement pris en compte et le trouble évolue souvent vers une pathologie chronique.
Les solutions proposées par la médecine
Le résultat visé par ces traitements peut être simplement de maintenir l’état existant, de freiner la dégradation, sans espérer la guérison. Dans ce cas d’efficacité réduite, la prise en charge consiste à un traitement de longue durée, souvent la vie entière du patient et des interventions nombreuses et variées de professionnels différents.
Les besoins de la population
En grande majorité, les personnes qui consultent un médecin ne sont pas malades au sens médical du terme mais souffrent de troubles qui nuisent à leur bien-être quotidien.
Leur état se situe entre la santé et la maladie. L’usage de médicaments qui traitent le symptôme pourrait être avantageusement remplacé par une médecine préventive ce qui éviterait l’évolution d’un trouble fonctionnel vers une pathologie chronique. Mais comment obtenir d’un patient pris dans ses habitudes éducatives et acquises, le changement d’un mode de vie en général et de l’alimentation en particulier, sans disposer d’un mode de raisonnement simple et intelligible capable de leur expliquer les liens existant entre leur trouble fonctionnel et leur comportement.
La médecine du futur
L’approche globale et systémique de l’ostéopathie s’appuie sur un raisonnement qui permet, par exemple, d’établir des liens entre une douleur articulaire survenue de façon insidieuse et un trouble digestif, entre un mal de dos déclaré au lever après une nuit de sommeil, d’expliquer pourquoi le kyste ovarien est à droite et non à gauche, pourquoi une douleur de l’épaule droite est en rapport avec une colopathie….
Grâce à un raisonnement simple, logique et rationnel basé sur la dynamique de fluides et la mécanique des forces, l’ostéopathe dispose d’un outil pédagogique pour installer un véritable climat de confiance indispensable au changement de comportement. L’ostéopathe n’est pas un guérisseur car il ne traite pas la maladie, il accélère le processus de remise en santé en guidant son patient vers une meilleure hygiène de vie.
« Quand quelqu’un désire la santé, il faut d’abord lui demander s’il est prêt à supprimer les causes de sa maladie. Alors seulement, il sera possible de l’aider » (Hippocrate, le père de la médecine).
L’abandon de la médecine naturelle
L’évolution vers une médecine plus scientifique et surtout technique, a naturellement entraîné la disparition dans sa pratique des fondements de la médecine d’Hippocrate. Les examens complémentaires, biologiques, iconographiques divers, demandés pour confirmer un diagnostic clinique sont devenus dans un souci d’objectivité les moyens de dépistage de la maladie, le diagnostic se faisant par exclusion. Les progrès de l’industrie pharmaceutique ont contribué à augmenter la durée de vie et le vieillissement de la population et dans le même temps augmenté le poids relatif des pathologies chroniques affectant ainsi l’efficacité globale du système de santé. Les traitements ne sont pas axés sur la guérison mais sur le symptôme créant ainsi des clients réguliers. Il n’existe pas de remèdes contre le cancer, le diabète, l’asthme, l’hypertension, ou même la grippe… Pas étonnant que la Fédération de l’industrie pharmaceutique dépense un important budget de lobbying pour préserver cette manne financière. Le développement de la médecine naturelle dérange un système bien établi.
Ce qu’il faut en conclure
Il apparaît aujourd’hui nécessaire d’ouvrir la voie vers une autre médecine préventive et complémentaire qui comble le décalage existant entre les besoins des personnes et le service effectif de santé rendu. Cette évolution ne dépend que de vous car ce sont les hommes qui font la société. Un nombre croissant et constant de patients se rendent déjà directement chez leur ostéopathe pour une douleur articulaire ou un trouble fonctionnel, sauf que ce choix intervient au terme d’une errance médicale coûteuse évitable et que certains ostéopathes en titre sont encore en apprentissage. Une action politique est engagée pour mieux encadrer l’enseignement et le mode de pratique voir mettre en place une spécialisation universitaire appliquée aux pathologies chroniques.
Améliorer la santé, c’est réduire les charges sociales et augmenter votre pouvoir d’achat. Alors en cette période électorale, ne vous trompez pas, votez pour la ou le candidat qui s’engagera à protéger votre «Bien-être».
Jean-Pierre Marguaritte
Ostéopathe DO
Président Europromostéo
www.europromosteo.com