Chanteuse, comédienne, fan des sixties, mère de famille, femme engagée, auteure, Jane Birkin a vraiment tous les dons qu’elle a explorés dans une carrière incroyable et bohème, à son image, pleine de sincérité.
UNE ICÔNE EX-FAN DES SIXTIES
Les années passent mais Jane Birkin reste une icône, encore saluée par toute la profession aux dernières Victoires de la Musique en février 2021. Tour à tour scandaleuse à ses débuts sur grand écran dans Blow Up d’Antonioni, puis muse de Gainsbourg dont elle demeurera l’héritière et la meilleure interprète, cette « ex-fan des sixties » a su se faire une place à part dans le cœur des Français. C’est à partir de 1968, et sa rencontre avec Serge Gainsbourg, qui se remet alors difficilement de sa rupture avec Brigitte Bardot, qu’elle connaît la consécration en France. Tous deux forment alors le couple bohème vedette post-soixante-huitard invité dans le Tout-Paris, alors que Jane joue dans La Piscine de Jacques Deray, aux côtés d’Alain Delon et Romy Schneider, tout en chantant avec son compagnon le magnifique tube cultissime « Je t’aime, moi non plus ».
UNE CARRIÈRE INCROYABLE
Dans « Jane Birkin – La vie ne vaut d’être vécue sans amour » (L’Archipel), le biographe Frédéric Quinonero, raconte qu’elle trace ainsi son chemin, avec sa légèreté et sa fantaisie so british, enchaînant dans les années 1980 des collaborations au cinéma, avec des réalisateurs tels Jacques Doillon ou Jacques Rivette, ou au théâtre avec Patrice Chéreau. Après la disparition de Serge en 1991, à qui elle ne cessera de rendre hommage, « Jane B. » reste sur le devant de la scène, pour la musique comme pour les combats qu’elle mène à travers le monde. Dans ses deux autobiographies, on découvre aussi avec bonheur une mère dévorée d’amour pour ses trois filles – Kate, Charlotte et Lou – nées de trois pères différents, qui s’émancipent et entrent dans l’âge adulte ; «une amoureuse tiraillée entre passion, jalousie et nostalgie, une artiste engagée qui s’épanouit et enchante le monde entier.»
«Je n’ai jamais su à quoi ça tenait, l’amour. Mais j’ai remarqué que les gens qui me faisaient rire étaient les plus charmants. L’humour, la candeur, c’est assez sidérant, non ?»
UNE JEUNE ANGLAISE DE BONNE FAMILLE
Mais revenons un peu en arrière… Née le 14 décembre 1946 à Marylebone, à Londres, Jane Birkin est la fille de David Birkin, commandant dans la Royal Navy qui a notamment aidé la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, et de l’actrice Judy Campbell. Passionnée très jeune par la comédie, elle débute à 18 ans au cinéma en Angleterre, dans le film de Richard Lester, Le Knack… et comment l’avoir. Elle poursuit sa carrière d’actrice en 1966 sous la direction de Michelangelo Antonioni dans Blow Up, Palme d’or du Festival de Cannes. Elle épouse le compositeur anglais John Barry avec lequel elle a une fille, Kate Barry, née en 1967, qui se fait plus tard un nom en tant que photographe.
LA RENCONTRE DÉCISIVE AVEC SERGE
Elle décide alors de tenter sa chance comme actrice en France. Sur le tournage du film Slogan, elle fait la rencontre de Serge Gainsbourg. Devenue sa compagne, et sa muse, elle enregistre avec lui en 1969 le sulfureux duo Je t’aime… moi non plus, qui la propulse au sommet des hit-parades et lui permet de débuter une carrière en parallèle dans la chanson. Plusieurs de ses albums sont disques d’or, notamment Baby Alone in Babylone (1983) et, plus tard, Arabesque (2002). Les tournages se suivent et se succèdent pour Jane avec des films plus ou moins oubliables comme La Moutarde me monte au nez (1974) et La Course à l’échalote de Claude Zidi (1975), Sept morts sur ordonnance, de Jacques Rouffio (1975), Je t’aime moi non plus de et avec Serge Gainsbourg (1976), Au bout du banc, de Peter Kassovitz (1979). Serge Gainsbourg et Jane Birkin forment un couple très médiatique pendant dix ans et ont ensemble une fille, Charlotte Gainsbourg, née en 1971. Mais à la fin des années 1970, Jane Birkin quitte son pygmalion.
Jane Birkin s’est toujours beaucoup investie dans des actions humanitaires, devenant tour à tour porte-parole pour Amnesty International, marraine du Téléthon français et participant trois fois au Concert des Enfoirés. En 2018, à la suite de la démission de Nicolas Hulot, elle signe avec Juliette Binoche la tribune contre le réchauffement climatique intitulée « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité », qui parait en Une du journal Le Monde, avec pour titre L’appel de 200 personnalités pour sauver la planète.
UN TOURNANT DANS LE CINÉMA D’AUTEUR
L’année 1980 marque un tournant pour l’actrice qui privilégie le cinéma d’auteur après avoir joué sous la direction de Jacques Doillon dans La Fille prodigue. Elle devient, de 1980 à 1992, la compagne du réalisateur, avec lequel elle a une fille, Lou Doillon, née le 4 septembre 1982, l’année du lancement du sac Birkin, l’un des succès notables de la marque Hermès. Elle joue dans des registres différents avec Jacques Rivette (L’Amour par terre, 1983), Agnès Varda (Jane B. par Agnès V., 1988), ou Jean-Luc Godard (Soigne ta droite, 1987), Patrice Leconte (Circulez y-a-rien à voir, 1983). Jane Birkin, poussée par la réalisatrice Agnès Varda, commence elle-même à concrétiser ses projets d’écriture : après avoir écrit le scénario de Kung-Fu Master, elle réalise le long-métrage Boxes, sorti en salles en juin 2007 et met en scène au théâtre la pièce Oh, Pardon tu dormais, portée par Christine Boisson et Pierre Arditi.
• « Victoire d’Honneur » aux Victoires de la musique (2021)
• Artiste interprète féminine de l’année aux Victoires de la musique (1992)
• Nominée à 4 reprises aux César et aux Molière comme meilleure actrice.
LA CHANSON COMME PANSEMENT
Côté chansons, Jane Birkin a connu un grand succès avec ses albums Versions Jane et Arabesque, où, reprenant des chansons que Serge Gainsbourg lui avait écrites ou qu’il avait écrites pour d’autres, elle devient la première ambassadrice de l’auteur-compositeur après sa mort en 1991. En novembre 2008, elle sort le premier album dont elle signe tous les textes. En 2017, elle se produit à nouveau sur scène dans le cadre d’une tournée mondiale. Oh ! Pardon tu dormais… est le nom du quatorzième album studio de Jane Birkin, sorti le 11 décembre 2020, produit et composé par Étienne Daho et Jean-Louis Piérot. Elle en a écrit tous les textes, comme pour son album Enfants d’hiver, dans lesquels elle évoque la mort de Kate Barry et sa tendresse immense pour ses trois filles. Car ce qui fait la force intime de cette personnalité incroyable qui a toujours su garder son charmant accent anglais, c’est cette flamme qui, malgré les épreuves, ne s’est jamais éteinte, sa sincérité dans tout ce qu’elle dit ou entreprend et son amour infini pour ses enfants. V.D.
SON DERNIER ALBUM
Sorti fin 2020, un grand disque intime, personnel et rare, né de sa rencontre avec Etienne Daho et Jean-Louis Piérot. 12 ans après son dernier album de titres inédits, Jane Birkin revient avec un nouvel album « Oh ! Pardon tu dormais… », dont elle a écrit tous les textes (Barclay).