En raison du contexte géopolitique de crise, l’inflation grimpe dans notre pays. Comment y faire face en misant sur les meilleurs placements pour demain ? Voici les réponses des experts.
QUAND LES PRIX GRIMPENT
En France, la hausse de l’indice des prix à la consommation a accéléré en rythme annuel à 3,6% en février, selon l’Insee. En zone euro, elle a bondi à 5,8% et aux États-Unis à 7,5% en janvier. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a amplifié ce rebond de l’inflation, via la flambée des prix du pétrole, du gaz et des matières premières, notamment agricoles. Résultat, la Banque de France envisage un taux d’inflation d’environ 4% en 2022.
QUID POUR LES RETRAITES
Au 1er janvier 2022, les pensions ont connu une revalorisation de 1,1 % pour s’aligner sur la hausse des prix de l’an dernier. De fait, si l’inflation atteint plus de 4 % en 2022, les retraités verront leurs pensions revalorisées d’autant, le 1er janvier 2023. Mais avec ce décalage, les 17 millions de retraités en France vont subir de plein fouet la hausse des prix toute cette année, avant que le montant de leurs retraites ne soit ajusté.
REVOIR NOS MODÈLES
L’inflation fait une spectaculaire percée alors que les taux amorcent seulement une lente remontée. Ce contexte plonge en territoire négatif le rendement réel des placements sans risque. L’assurance-vie et les livrets jouent le rôle de poche sécuritaire mais doivent être réduits au minimum d’une allocation raisonnable, sous peine de laminer la rentabilité du patrimoine de leurs possesseurs. Les actions sont l’alternative mais les marchés sont nerveux. Les indices boursiers ne sortent pas indemnes de la vague inflationniste.
DÉFINIR SON HORIZON
Avant de placer son argent, il est essentiel de déterminer quand on aura besoin de ce capital. C’est ce que l’on appelle l’horizon de placement. Si l’objectif est de se constituer une épargne de précaution, c’est-à-dire un pécule pour faire face à des dépenses imprévues, il faut que les sommes placées puissent être disponibles à tout moment. Pour un projet à moyen ou long terme comme l’organisation de sa future retraite, l’horizon de placement peut se situer à 5, 10, 15, voire 30 ans, selon votre âge. Plus il est lointain, et plus vous pouvez vous permettre de prendre des risques et espérer ainsi bénéficier d’un rendement potentiel plus élevé, les éventuelles moins-values étant compensées dans le temps par les plus-values futures.
Les placements financiers supportent de nombreux frais (de versement, de gestion, d’arbitrage…) qui réduisent d’autant la rentabilité nette. C’est pourquoi il est important de se renseigner sur la nature et le niveau des frais, avant de souscrire tout contrat.
LES MEILLEURS PLACEMENTS
Les deux meilleurs en 2022 selon les experts et les conseils en gestion de patrimoine sont indéniablement les SCPI et l’immobilier locatif.
• La pierre papier ou SCPI
Les SCPI permettent d’investir en immobilier sans aucune gestion puisque celle-ci est assurée par les gérants de la SCPI. La pierre-papier permet, via l’acquisition de parts dans des fonds immobiliers non cotés (SCPI, OPCI, SCI). L’épargnant n’a donc pas à s’occuper des locataires et va se contenter de percevoir un loyer versé directement sur son compte bancaire. Leur point fort est d’offrir le meilleur équilibre rendement-risque de tous les placements existants. Elles bénéficient de la résilience de l’immobilier et servent un rendement moyen de plus de 4 % aux épargnants. Les meilleures SCPI peuvent même aller jusqu’à 6 % de rendement, difficile de faire mieux !
• L’investissement locatif
Louer un appartement ou une maison permet de percevoir des revenus réguliers grâce aux loyers. Un placement immobilier est rentable si les mensualités de crédit sont inférieures au montant du loyer, si les charges de copropriété ne sont pas élevées, s’il n’y a pas de travaux de rénovation à engager et si le bailleur ne subit pas de vacance et/ou d’impayés de loyer. L’investissement immobilier peut également permettre de réduire son impôt sur le revenu s’il s’inscrit dans un dispositif de défiscalisation, du type Pinel.
L’un des moyens pour augmenter la rentabilité de son placement financier est de privilégier les enveloppes proposant un avantage fiscal. Ainsi, les gains issus d’un PEA sont exonérés d’impôt à partir de 5 ans de détention, mais demeurent assujettis aux prélèvements sociaux au taux de 17,2 %. Si le contrat d’assurance vie a été souscrit depuis plus de 8 ans, les gains sont perçus en franchise d’impôt à hauteur de 4 600 € par an pour un célibataire ou de 9 200 € par un an pour un couple marié ou pacsé déclarant en commun ses revenus.
LES PLACEMENTS LES PLUS SÛRS
• Les livrets
Les livrets d’épargne réglementée (Livret A, LDDS, LEP) bénéficient de la garantie de l’État. L’épargnant est donc assuré de retrouver le cumul de ses versements, quoi qu’il arrive.
• Les fonds en euros des assurances vie
Les supports en euros des contrats d’assurance vie proposent une garantie sur le capital et un taux de rémunération généralement plus élevé que les livrets bancaires. Le souscripteur est ainsi sûr de récupérer sa mise.
LES PLACEMENTS À LONG TERME
• L’assurance vie
Les contrats d’assurance vie donnent la possibilité d’investir dans de nombreuses classes d’actifs, ce qui permet de répartir le risque et d’accroître le potentiel de rendement. Un contrat multi-supports est composé d’un fonds en euros et d’une ou de plusieurs unités de compte (UC), elles-mêmes investies en actions, obligations, immobilier (SCPI, OPCI, SCI), « private equity » (capital-investissement), voire dans des certificats or. Attention, contrairement aux fonds en euros, le capital des unités de compte n’est pas garanti.
• Investir en Bourse via un PEA ou compte-titres
Les actions constituent la classe d’actifs qui offre le rendement le plus élevé sur le long terme. Il est possible d’acquérir des titres en direct ou indirectement via des parts dans des fonds (Sicav, FCP). Les actions et/ou les parts peuvent être logées dans un compte-titres ou dans un plan d’épargne en actions (PEA).
• Investir en actions
Si les actions sont l’actif potentiellement le plus rentable, ce placement financier est également très risqué. Le cours dépend de la santé financière de l’entreprise, mais aussi des marchés boursiers, très sensibles à la conjoncture économique et à la situation socio-politique.
Réformant les produits d’épargne retraite (PER), la loi PACTE a instauré le Plan d’Epargne Retraite Individuel (PERin). Ce nouveau placement dédié à l’épargne retraite présente certains avantages : possibilité d’une sortie en capital au moment de la retraite, transférabilité, cas de déblocage anticipés, fiscalité avantageuse en cas de transmission.
D’AUTRES SOLUTIONS À ÉTUDIER
• Les investissements ISR
L’investissement socialement responsable (ISR) permet d’investir dans des fonds (Sicav, FCP) composés d’actions d’entreprises répondant à certains critères environnementaux (recyclage des déchets, recours aux énergies renouvelables…), sociaux (respect des droits syndicaux, promotion de la diversité et de la parité…) et de gouvernance (lutte contre la corruption, nomination d’administrateurs indépendants…), les fameux critères ESG. Les fonds ISR peuvent être souscrits dans un compte-titres, un PEA, un contrat d’assurance vie ou un plan d’épargne retraite (PER), le nouveau placement dédié à la préparation à la retraite créé par la loi PACTE.
• L’or physique ou papier
Actif tangible, l’or est souvent présenté comme une réponse au risque inflationniste. L’or n’offrant aucun rendement, l’épargnant ne mise que sur la plus-value éventuelle. Le cours du métal jaune monte aussi lorsque la peur prévaut, notamment sur les marchés d’actions. Au 10 mars, il gagnait ainsi 9% depuis le 1er janvier après avoir inscrit un nouveau pic à 2 070 dollars l’once et a profité de la crise sanitaire en progressant de 50% sur trois ans. Valeur refuge, ce placement peut donc compenser une partie de la baisse du reste de votre portefeuille.
• Investir dans les forêts
Si vous vous inquiétez du retour de l’inflation ou d’un retournement des marchés immobiliers ou boursiers en 2022, miser sur les forêts est une piste à étudier. A condition de disposer d’un horizon de placement très long. Les parcelles de bois sont très prisées des investisseurs depuis le début de la crise sanitaire. Si ce placement est assorti de multiples incitations fiscales, offre une bonne sécurité et une protection contre la hausse des prix, il n’est pas sans risque. Sachez qu’il n’est pas nécessaire de disposer d’une fortune colossale pour acheter des parcelles. Car les forêts d’agrément, largement possédées par des particuliers (75 % sont privées en France), ont souvent une surface inférieure à dix hectares
DIVERSIFICATION : JOUER LE 80/20
Tous les experts sont unanimes : plus vous diversifiez votre épargne, plus vous en augmenterez le potentiel de rendement. Pour votre sécurité, veillez à ce que la composition de votre portefeuille corresponde bien à votre profil de risque et à votre horizon de placement. Il est conseillé une épargne à 80 % sécurisée et à 20 % non garantie. A bon entendeur… A.M.