Et, voilà ! C’est reparti, le vieux serpent de mer de l’emploi des seniors est revenu sur le tapis. Le problème est bien connu. La France encore une fois fait un peu figure d’exception sur le sujet. Pourtant, les gouvernements successifs n’ont jusqu’à présent jamais pu vraiment faire évoluer la situation de façon flagrante, même si certains signes sont bel et bien là.
La France est un peu à la traîne en Europe si l’on considère le taux d’emploi des 55-64 ans. Elle se situe derrière la Suède, la Finlande, les pays Baltes, les Pays-Bas, le Danemark, l’Allemagne, L’Irlande, le Portugal, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie ou la Bulgarie ! Mais, devant l’Italie, la Belgique, la Grèce, la Roumanie, ou la Slovénie.
Éléments chiffrés de l’emploi des seniors
Si l’on parle chiffres, le recordman toutes catégories de ce taux d’emploi senior est la Suède avec 76,9% en 2021, le petit dernier étant la Roumanie avec 43,8%. La France est à 55,9% en dessous de la moyenne européenne de 60,5%. Avec ces deux derniers chiffres, on comprend mieux la raison pour laquelle le gouvernement parlait d’un premier objectif de +6% d’augmentation dans les années à venir, il s’agit de se retrouver dans ces 60%.
En y regardant de plus près, on remarque que les pays où les seniors travaillent en plus grand nombre ont tous opté pour une retraite après 64 ans. A l’exception de la Suède, il est possible de partir à 62 ans, mais le taux complet ne peut être perçu que quatre ans plus tard.
Pourquoi est-ce tellement important ?
Finalement, cette question d’emploi des seniors est-elle un véritable problème ? Ne pas travailler tard peut être au contraire très positif d’un point de vue personnel. Au niveau collectif, cela est bien moins évident. Parce que si les seniors ne travaillent pas, il y a de fortes probabilités qu’ils soient à la retraite pour les plus âgés ou bénéficiaires d’une exception. Mais, il y a aussi les seniors inscrits au chômage, et dans ce cas, l’argent public est en jeu.
Une mentalité à changer ?
Une partie des seniors en France souhaite continuer à travailler. Il s’agit généralement de professions de cadres, dont les métiers ne sont pas physiquement pénibles, mais également de personnes retardant leur retraite pour des raisons financières. Le problème est que les entreprises elles-mêmes ont pris de mauvaises habitudes. En licenciant les plus âgés, ils se débarrassent souvent des salaires les plus élevés quelle que soit la catégorie. Les accords de départ à l’amiable se sont multipliés, avec perception du chômage par le salarié licencié en attendant l’âge légal de la retraite. Un accord gagnant/gagnant qui ne coûte quasiment rien aux deux parties, l’État étant dans ce cas le financeur de cette transition.
Des évolutions très perceptibles
Encore les chiffres ! en 2005, le taux d’emploi des seniors était de… 39,8%. On le voit, la France répond aux évolutions de sa population : plus d’entrées tardives dans la vie active, plus de femmes actives, une meilleure santé globale, plus d’espérance de vie rendant moins urgente le besoin de s’arrêter. Ces facteurs démographiques et sociaux interviennent et sont renforcés par les quelques réformes du système de retraite.
De fait, les Français prennent leur retraite plus tard, en particulier les femmes. L’âge était de 62,2 ans en 2019, il est passé à 62,9 en 2021. Ce chiffre inclut les départs anticipés (régimes spéciaux ou carrière longue essentiellement). Sans ces derniers, l’âge moyen se situe déjà en 2021 à 63,5 ans.
Peu importe l’opinion sur les différentes réformes de retraite, le bon sens est là qui dicte la conduite à tenir. Des avantages pour les personnes ayant des accidents de la vie, ou des métiers pénibles (mais la notion de pénibilité n’est pas toujours évidente, quid du maçon face à certaines catégories de fonctionnaires ?) semblent aller de soi. Permettre aux plus 54-65 ans de travailler à temps complet ou partiel autant qu’ils le souhaitent si leur métier le permet, semble également aller de soi. Pour cela, il faut que les entreprises jouent aussi leur rôle. La santé, l’environnement professionnel, le plaisir au travail (ou pas), un projet personnel, restent essentiels dans les décisions individuelles… sans oublier les calculs budgétaires.
Il est quand même un point sur lequel la France est championne selon STATISTA :
Penser les dernières années de travail comme un mentorat à mi-temps serait une solution gagnante, mais est-ce que les technocrates qui nous gouvernent et qui écrivent les réformes sont réellement capables de développer des solutions justes ?