Rencontre avec le Dr Yann Rougier, spécialiste de médecine de terrain, passionné de neurosciences et de psycho-neuro-immunologie, à l’occasion de la sortie de son dernier livre qui nous invite à devenir « santé-responsables » en stimulant naturellement notre immunité.
Pourquoi ce livre, Docteur ? Parce qu’il n’existait pas d’ouvrage grand public sur l’immunité ou pour inviter les lecteurs à devenir les premiers acteurs de leur santé ?
Dr Yann Rougier : Votre question englobe en effet la réponse. C’est exactement cela ! Depuis une trentaine d’années, je me suis passionné pour les neurosciences qui ont la particularité très précieuse d’englober le pluridisciplinaire. Malgré la qualité de notre médecine et ses progrès immenses notamment sur les pathologies aiguës mais aussi en termes de chirurgie, on s’aperçoit que dans ce qu’on appelle les maladies chroniques et les petits « mal-être » de la vie quotidienne (la fibromyalgie, les douleurs, la fatigue chronique, le burn out, les maladies du sommeil…), à part le fait de répondre aux symptômes avec de la chimie qui génère des effets secondaires, pour le chronique, on n’a pas de réponse moléculaire. Et là, les seules réponses doivent considérer l’homme dans sa globalité, ce qui demande donc une prise en charge et des réponses pluridisciplinaires.
Un exemple à nous donner ?
Dr Y.R. : Oui, prenons pour les seniors l’exemple de l’excès de cholestérol. Quand on a un excès de cholestérol, on met en danger son système cardiovasculaire et la réponse d’un médecin généraliste, c’est : vous avez plus de 2,5 g, vous mettez votre cœur en danger, donc prenez des statines et essayez de faire plus attention à ce que vous mangez. Si on passe dans l’espace des neurosciences, donc dans le pluridisciplinaire, on va réunir autour du problème de l’excès de cholestérol un neurobiologiste, un psychologue, un endocrinologue et un nutritionniste. Et ces spécialistes vont nous dire : le cholestérol n’est pas une graisse, ce n’est pas cela qui bouche vos artères. Ce qui les bouche, c’est le cholestérol collé par des triglycérides. C’est donc dans le foie que ça se passe. On s’aperçoit alors que 75 à 80% de notre cholestérol est produit non pas par l’alimentation, mais par la création autogène de notre propre foie. Et ça arrive quand ? Eh bien, ça arrive quand le système nerveux est sous stress. On arrive à une équation complètement différente. Donc, on ne va plus interdire les œufs, les huiles et les graisses, on va interdire le sucre, car c’est lui qui se transforme le plus vite en triglycérides.
Quelle est la réponse qui sera proposée ?
Dr Y.R. : On va répondre sur 5 points qui n’ont plus rien à voir avec les statines. Au niveau alimentaire, faites attention aux sucres rapides et aux index glycémiques hauts. On va essayer aussi notamment pour les femmes ménopausées de compenser la chute hormonale. On va dire : faites attention à votre alimentation, pratiquez une activité physique régulière pour votre métabolisme – je ne parle pas de sport, juste marcher deux fois 30 minutes par jour -, faites 5 minutes trois fois par jour de cohérence cardiaque, et faites 7 minutes de Bodyscan avant de vous endormir ou un scénario neuro-émotionnel inverse qui va apaiser votre vécu sans l’enkyster dans votre inconscient. Les études démontrent qu’entre 21 jours et 3 mois de ces nouvelles habitudes de vie, on a de meilleurs résultats sur la baisse du cholestérol qu’avec les statines. Et en plus, ça va être extrêmement bénéfique sur la qualité de vie du patient grâce à la sérotonine, la dopamine et toutes ces fameuses « hormones du bonheur » du système parasympathique.
«Ce qu’il faut retenir, c’est que notre système immunitaire est sous la dépendance directe du système nerveux autonome. Donc à système nerveux équilibré, système hormonal équilibré et système immunitaire fort!»
C’est l’un de vos messages essentiels, cette approche pluridisciplinaire, notamment face à la Covid-19 ?
Dr Y.R. : Oui, c’est l’un de mes messages essentiels en effet. La Covid et le coronavirus nous menacent au niveau de notre système immunitaire. Celui-ci, on ne peut pas juste le mettre en boîte pour le protéger des virus avec des confinements, des masques, des vaccins, des règles draconiennes qui vont détruire le système social et l’économie mondiale. Il faut avoir des mesures de prudence. La première : on ne voyage pas si on est malade. C’est une règle qu’on aurait dû aussi adopter pour la grippe. Personnellement, j’installerais dans les aéroports des caméras thermiques. Mais surtout, ce qu’il faut retenir, c’est que notre système immunitaire est sous la dépendance directe du système nerveux autonome. Donc à système nerveux équilibré, système hormonal équilibré et système immunitaire fort !
On a donc tous un processus d’auto-guérison de 80 % ?
Dr Y.R. : J’aime bien l’enthousiasme, j’aime bien aussi la lucidité. On a 95% de la population nés en bonne santé, sans comorbidités majeures. Les 5% restants doivent être protégés tout au long de leur vie. C’est injuste, mais c’est ainsi. Mon message est donc très clair. Les neurosciences sont à mon avis la meilleure révolution en marche de la médecine. Gardons la médecine technologique et gardons les médicaments pour sauver le corps. Mais pour tout ce qui est chronique, rappelons-nous que nous ne sommes pas des malades et que nous avons construit la maladie en nous. Donc, tout ce que nous avons construit en nous, nous pouvons le déconstruire !
Et c’est vrai aussi pour la Covid et ce qu’on appelle le Covid-long ?
Dr Y.R. : Le Covid-long, c’est une personne qui contracte le virus sur un terrain neuro-immunitaire faible. Donc, ce sont des personnes qui étaient déjà en période de grand stress, de fatigue. A ce moment-là, le virus s’en donne à cœur joie. D’où là encore, l’intérêt de cette approche pluridisciplinaire pour combattre les effets de ce Covid-long. Tous les cas de gens vaccinés qui attrapent quand même le virus sont très explicites. Même si j’y mets toute la pondération nécessaire, je préfère quelqu’un au système immunitaire à 100% de sa prestation plutôt que quelqu’un simplement vacciné. Maintenant, s’il est à la fois à 100% et vacciné, alors là, c’est parfait ! Je ferais la même comparaison avec la nourriture bio. Je préfère quelqu’un qui mange équilibré mais pas bio que quelqu’un qui mange 100% bio sans aucun équilibre alimentaire ! Il sera en bien meilleure santé.
Dans votre livre, vous présentez nos « armées » de la médecine du corps. Quels sont nos grands soldats ?
Dr Y.R. : Pour résumer, je dirais qu’il y a les soldats, les armées et les généraux. Les généraux les plus puissants, le plus grand médecin de notre corps, c’est le nerf vague, c’est-à-dire le système nerveux autonome de récupération journalière qui fait battre notre cœur, etc. Quand il est vraiment équilibré, notre corps est fort, on cicatrise bien, on dort bien, on récupère bien, on ne se blesse pas, on n’a pas d’inflammations, on n’est pas sujet aux « up & down » au niveau moral, on a un système immunitaire qui nous protège quasiment de toutes les infections ou si on les contracte ce ne sera pas dans une forme grave, et on a un système hormonal qui est en phase, avec une ménopause de transition en pleine féminité pour les femmes, et pour les hommes, une réassurance et une sérénité neuro-sexuelle. L’équilibre hormonal pour un homme, ça donne une sexualité au long cours qui n’a plus rien à voir avec la performance mais qui sera dans la tendresse-plaisir de l’acte. Et c’est ce qui est le plus important pour beaucoup de femmes.
«Pour tout ce qui est chronique, rappelons-nous que nous ne sommes pas des malades et que nous avons construit la maladie en nous. Donc, tout ce que nous avons construit en nous, nous pouvons le déconstruire!»
C’est aussi une question de rythmes de vie, non ?
Dr Y.R. : Oui, car nos rythmes de vie ont plus changé en 50 ans qu’en 50 siècles ! Avec un maître mot qui est celui de l’accélération. On a accès à notre époque, grosso modo, à 700 à 1000 fois plus d’informations par jour qu’il y a un siècle. Le cerveau humain les digère plus ou moins bien, mais la fraction du cerveau qu’on emploie pour gérer « l’infobésité », ça prend sur l’énergie de récupération et d’équilibre de notre système nerveux. Donc il faut avoir des outils à notre portée qui sont très simples et qui donnent à notre système nerveux des rappels d’équilibre au quotidien. Ce sont 3 fois 5 minutes par jour de cohérence cardiaque, et des exercices de retour à la pleine présence. Ce qui vous rend présent et qui vous permet de sortir de la course aux idées et aux pensées toxiques, ce sont ces exercices. Les neurosciences démontrent que le plus court chemin entre le déséquilibre de notre parasympathique et sa reprise en main par notre système nerveux, c’est la respiration, qui est en prise directe avec le nerf vague. A partir du moment où vous vous réintéressez à votre respiration, vous mettez un coup de frein à cette accélération.
Et l’alimentation dans tout ça ? Et notre microbiote ?
Dr Y.R. : Il faut retenir que nous ne sommes pas ce que nous mangeons, nous sommes ce que nous digérons, ce que nous assimilons. Notre microbiote est très important à deux niveaux. Parce que c’est lui qui est à la source de ce qui nous rend pleinement vivant, c’est-à-dire les milliards de bactéries qui sont à notre service (avec 7 à 8 souches essentielles). Ces bactéries très utiles sont « les petites mains » du moléculaire, qui vont recréer au niveau du microbiote des vitamines, de nouvelles hormones, de nouveaux neurotransmetteurs, de nouvelles protéines spécifiques. On va dire quelque part que ce sont les artisans spécialisés de notre santé, avec des créations de matières essentielles. C’est absolument incroyable, 80% de ce qui fait le substrat pensant de notre cerveau est créé dans notre intestin. Il y a un lien très fort entre cerveau et microbiote. Et là, de nouveau, on retrouve des données intéressantes des neurosciences. Lorsqu’il y a un déséquilibre nerveux ou des chocs émotionnels, le premier impact est sur le microbiote ; vous le désorganisez.
Consultant international au sein de plusieurs groupes scientifiques pluridisciplinaires, le Dr Yann Rougier a participé à la création du site bénévole de la Fondation delta-medecine.org, qui propose des informations destinées au grand public : démonstrations vidéo de toutes les techniques de neurosciences appliquées et des nombreuses manières de valoriser sa santé. Il a également contribué au programme de recherche en neurosciences appliquées grâce aux outils du Groupe Rebalance (réhabilitation Covid-Long) sur rebalance-impulse.com
Quels sont les facteurs clés pour une vie pleinement sereine ?
Dr Y.R. : Au-delà de « sereine », je dirais plutôt pour une vie « en pleine santé ». Le Pr Didier Raoult dit une chose vraie : ce qui nous arrive avec la pandémie, il faut apprendre à le soigner, il ne faut pas miser que sur le vaccin. C’est comme pour la grippe, il y a encore des gens qui en meurent chaque année, car aucun vaccin n’est efficace à 100%. Il n’y a rien actuellement dans la recherche médicale qui pourra nous proposer un 100% de protection contre le coronavirus. Donc il faut apprendre à vivre avec. Et la meilleure façon de vivre avec, c’est de s’en protéger le mieux possible (gestes barrières, masque) et de l’autre côté, il faut devenir « santé-responsable ». C’est donc s’imposer quelques règles d’hygiène de vie qui font que vous-même vous allez être moins malade, moins contagieux, moins vulnérable.
«C’est absolument incroyable, 80% de ce qui fait le substrat pensant de notre cerveau est créé dans notre intestin.»
Ça passe par quoi ?
Dr Y.R. : Ça passe par 5 points très clairs et pas chers du tout. Premièrement, la prise de conscience que la plus grande partie de notre santé passe par nous. Ensuite, ça passe par un peu de mesure dans l’alimentation et l’alcool (manger en présence, bien mâcher et mesurer les excès en sucres rapides). Troisièmement, il faut bouger. Le mouvement, c’est la vie. Personne ne peut être en bonne santé s’il ne pratique pas au minimum deux fois dans la journée 30 minutes d’activités physiques. Et c’est très simple, il suffit de marcher. Il n’y a pas de système immunitaire fort sans mouvements. Ne pas bouger, ça vous menace ! Quatrième point, si j’avais un testament sanitaire à laisser à mes enfants, je leur dirais aussi : vous prenez toute la journée des rendez-vous pour le boulot, alors prenez tous les jours trois rendez-vous de 5 minutes avec vous-même ! Utilisez l’outil le plus puissant de votre corps pour réguler votre métabolisme et votre système nerveux, c’est-à-dire le souffle, la respiration, au travers de la cohérence cardiaque. Enfin, le 5e point qui est fondamental, toutes les maladies chroniques (cancers, maladies auto-immunes, dépressions…) sont un mélange infaillible de 3 choses : un déséquilibre de notre système nerveux autonome, un manque de mouvements du corps et un manque de soin de notre émotionnel et de notre inconscient. Donc il faut apprendre à apaiser ses émotions.
Qu’entendez-vous par « manque de soin émotionnel » ?
Dr Y.R. : Je parle-là de tous les petits chocs émotionnels de la journée, ce que j’appelle les contrariétés. On banalise ces soucis, mais si on ne fait pas l’effort chaque soir de pratiquer ce que j’appelle « le scénario émotionnel inverse » – ce que les Américains appellent « la machine à laver des émotions » – on ne peut pas être en bonne santé. Pour moi, c’est aussi important que de s’inscrire à une salle de fitness, ça prend 3 ou 4 minutes seulement avant de se coucher et c’est gratuit ! C’est la seule façon de ne pas enkyster ces émotions négatives dans notre inconscient, qui font le lit de nombreuses maladies. Vous l’aurez compris, avec ces 5 mesures de prévention très simples à mettre en œuvre, nous pouvons tous devenir des acteurs de notre santé !
Propos recueillis par Valérie Loctin.