Doit-on s’inquiéter quand l’ophtalmo nous annonce : « Votre rétine vieillit mal » ? Si l’on est face au démarrage bien réel d’une Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age (DMLA), il est grand temps de réagir, car cette maladie peut en effet nous faire perdre la vue.
UNE MALADIE MAL CONNUE
Même si la DMLA affecte plusieurs millions de personnes dans le monde, elle fait partie des maladies mal connues qui suscitent de grandes inquiétudes chez les personnes qui en reçoivent le diagnostic. Pour certains, la cécité progressive puis totale va malheureusement devenir une réalité et il importe de vivre le mieux possible son quotidien. Mais pour d’autres, les progrès de la médecine et de la chirurgie apportent des espoirs inestimables.
CAUSE DE MALVOYANCE APRÈS 50 ANS
La dégénérescence maculaire liée à l’âge est la première cause de malvoyance après 50 ans en France. On prévoit que le nombre de personnes atteintes de la DMLA ne va pas cesser d’augmenter (~ 1,5 fois) au cours des dix prochaines années en raison du vieillissement de la population. Les formes tardives de la maladie (humide et atrophique dite « sèche tardive ») se caractérisent par une perte de la vision centrale mais laisse intacte la vision périphérique. Les personnes atteintes perdent totalement le champ de vision utile pour la lecture, la conduite et la vision fine. Néanmoins, elles gardent généralement une autonomie avec la possibilité de se déplacer.
UNE AFFECTION ÉVOLUTIVE DE LA RÉTINE
C’est une affection chronique et évolutive de la rétine centrale entraînant une baisse de l’acuité visuelle bilatérale sans atteinte du champ visuel. L’évolution peut être asymétrique en intensité et dans le temps. Elle touche environ 1,5 million de personnes en France.
• La forme « sèche » ou atrophique est la plus fréquente (2/3 des cas). D’évolution lente, elle est la conséquence de la disparition progressive des cellules de la macula. Aucun traitement n’est disponible à ce jour. Le seul moyen est de la retarder en prenant des compléments alimentaires (vitamines C, E et minéraux antioxydants).
• La forme « humide » ou exsudative est observée dans 1/3 des cas. Elle évolue rapidement. Elle est due à la formation de vaisseaux sanguins anormaux sous la rétine. Depuis 2006, on propose aux patients une injection mensuelle dans l’œil d’un médicament qui bloque cette prolifération des vaisseaux (anti-VEGF).
LA MACULOPATHIE LIÉE À L’AGE
Fréquente (environ 20% chez des personnes au-delà de 75 ans), elle se caractérise par l’apparition de dépôts sous-rétiniens qu’on appelle drusens visibles sur le fond de l’œil. Ils sont composés principalement de lipides et de protéines qui s’élargissent au cours du vieillissement et qui se trouvent entre la membrane basale de l’épithélium pigmentaire et la couche interne de la membrane de Bruch. Cela se traduit pour le patient par des déformations visuelles (« métamorphopsies ») : Les lignes droites ne sont plus droites et les images sont déformées.
DMLA EXSUDATIVE DITE « HUMIDE »
Il s’agit du développement de néovaisseaux provenant principalement de la choroïde (néovaisseaux choroïdiens) qui grandissent sous l’épithélium pigmentaire ou dans l’espace sous-rétinien. Ce développement s’accompagne d’œdèmes intra-rétiniens, d’hémorragies, et de décollements de la rétine maculaire qui sont responsables d’une baisse d’acuité visuelle extrêmement rapide et irréversible s’ils ne sont pas traités rapidement. Cela fait maintenant dix ans que des médicaments anti-angiogéniques (les anti-VEGF) sont utilisés avec succès pour traiter la DMLA dite « humide ». Cependant, le traitement dû à la répétition des injections intra-vitréennes est très contraignant pour le patient. Les enjeux de demain seraient de diminuer drastiquement la fréquence des injections ou de modifier la voie d’administration.
DMLA ATROPHIQUE DITE « SÈCHE TARDIVE »
Elle se distingue quant à elle par une disparition des cellules de l’épithélium pigmentaire et des photorécepteurs sus-jacents (cellules de la rétine). Il n’y a pas à l’heure actuelle de traitement permettant d’arrêter ou d’inverser les processus atrophiques. Seuls des compléments alimentaires à base de vitamines et d’antioxydants sont proposés. Les enjeux actuels de la recherche se tournent vers la thérapie cellulaire (l’implantation de cellules de l’épithélium pigmenté issues de cellules souches) ou vers des thérapies anti-inflammatoires dans la perte de photorécepteurs au cours d’une DMLA atrophique.
Pour savoir si vous devez consulter votre ophtalmologue en cas de suspicion d’une DMLA, faites le test de la grille d’Amsler. Téléchargez la grille sur https://association-dmla.org/test-de-la-grille-damsler. Placez-vous à environ 25 centimètres de votre écran, avec vos lunettes correctrices ou lentilles si vous en utilisez, un œil à la fois (couvrez l’autre œil sans le presser) en fixant le point central de la grille. Toutes les lignes devraient être droites, toutes les intersections devraient former des angles droits et tous les cadres devraient être de la même taille. Si ce n’est pas le cas, prenez vite rendez-vous !
L’IMPORTANCE DE LA PRÉVENTION
Après 50 ans, ne sous-estimez pas l’importance de votre visite annuelle chez l’ophtalmologue et faites régulièrement le test de la grille d’Amsler. Une DMLA prise en charge dès les premiers signaux peut être retardée soit par des compléments alimentaires, soit par des injections en fonction de son type, en attendant que la Recherche nous offre de vrais traitements permettant de la guérir. A.M.
Sources & plus d’infos sur retina.fr et sur association-dmla.org