A la tête du journal télévisé le plus regardé de France pendant des années, Claire Chazal a toujours su conjuguer pouvoir et féminité. Cette femme libre, adepte de l’hyper contrôle, se raconte aujourd’hui dans une autobiographie qui révèle à la fois une grande force et une véritable fragilité.
UNE ÉDUCATION STRICTE & EXIGEANTE
Native de Thiers en Auvergne en 1956, Claire Chazal passe sa petite enfance en périphérie de Paris, à Bagnolet. Son père, Jean Chazal, fils d’ouvrier devenu haut fonctionnaire après avoir réussi l’ENA, et sa mère, Josette, institutrice puis professeure agrégée de lettres, lui transmettent le sens de la discipline et de l’effort. Elle a un frère aîné, Philippe (né en 1952). Élève studieuse, elle reçoit une éducation exigeante.
DANSEUSE & ÉLÈVE MODÈLE
Claire a 5 ans lorsque toute la famille s’installe dans le XVIe arrondissement de Paris. Sa mère enseigne alors au lycée Jean-Baptiste Say. Claire Chazal entre à l’école primaire de filles et rencontre Nathalie qui aujourd’hui encore est une amie très proche, et la marraine de son fils. Lorsqu’elle n’est pas plongée dans ses lectures, la petite Claire pratique la danse classique. La bonne élève fait un parcours sans faute, baccalauréat scientifique mention bien, HEC puis DEA d’économie à Assas, avant malheureusement d’échouer au concours d’entrée de l’ENA.
SES DÉBUTS DANS LA PRESSE ÉCRITE
Au début des années 80, Claire Chazal se dirige vers le journalisme et tient une chronique sur la danse dans l’émission Barbier de nuit de Christian Barbier sur Europe 1. En 1981, elle fait une rencontre déterminante, celle du patron de presse Philippe Tesson, alors à la tête du Quotidien de Paris. Elle y reste cinq ans et va apprendre à ses côtés les rouages du métier et une certaine liberté d’esprit. Au journal Les Échos, elle est chef du service économie.
UN PARCOURS TÉLÉVISUEL SANS FAUTE
Après la presse écrite, elle arrive sur le petit écran et devient grand reporter spécialisée en économie à partir de 1988 sur Antenne 2. A partir du 16 août 1991, elle présente les JT du week-end de TF1. En 1996, elle devient directrice adjointe de l’information de la chaîne. Parallèlement, elle anime chaque semaine une émission sur Radio Classique, L’Invité Culture de Claire Chazal. Dès son arrivée sur TF1, Claire Chazal fait du JT du week-end le journal le plus regardé de France. En vingt-quatre ans de direct, jamais les audiences ne l’ont fragilisée. Pourtant, contre toute attente, en septembre 2015, la direction de TF1 annonce que la journaliste va quitter la présentation du JT du week-end. Depuis le 18 janvier 2016, on la retrouve à la tête de l’émission Entrée libre sur France 5.
LES SECRETS DE SA LONGEVITÉ
Si Claire a toujours su maintenir son JT au plus haut pendant tant d’années, c’est certainement en raison de son besoin depuis l’enfance d’être » première en tout « , sa discipline de vie drastique alliant gym et régime, sa capacité à s’entourer de protecteurs puissants de la chaîne, sa stratégie d’occupation de la scène people durant ses congés d’été et, surtout, une douceur et un charme sans égal, qui l’ont toujours placée parmi les premières dans le cœur du public français.
UNE INTELLECTUELLE DES MÉDIAS
Passionnée de culture et de littérature, elle participe chaque été au Festival de la Correspondance de Grignan et monte sur scène pour lire des textes. Elle est également l’auteur d’une biographie de l’homme politique Édouard Balladur (1993), et de deux romans ; L’Institutrice (1997) – adapté en téléfilm – et À quoi bon souffrir (2001). Cette année, on la retrouve aussi dans une autobiographie sensible et passionnante, Puisque tout passe : Fragments de vie, parue chez Grasset. On vient également d’apprendre qu’elle va jouer dans un téléfilm policier, « Meurtre à… » sur France 3.
LE CAP DE LA SOIXANTAINE
Dans une récente interview accordée à nos confrères du magazine Elle, Claire Chazal confie que le cap de la soixantaine a été difficile : « Il y a le compte à rebours avec la mort. On commence à imaginer les années qu’il nous reste, à envisager de ne pas assister à la naissance d’un de ses petits-enfants… Sans parler de toute l’interrogation sur le désir. Sur le vieillissement. Comment regarde-t-on son corps, comment les autres le regardent ? Nous sommes dans une société de l’image, moi-même, j’étais une image. Maintenant, il me faut vivre avec… » explique-t-elle. Claire Chazal est aujourd’hui célibataire, mais elle l’assure dans cette interview : elle « le vit bien ». « C’est un passage, je n’ai plus envie de souffrir » ajoute-t-elle. A.M.