Véritable icône du cinéma français, Catherine Deneuve est une star internationale qui présente une filmographie exceptionnelle marquant le septième art à tout jamais. Femme libre et engagée, elle cultive dans sa vie privée discrétion, humilité et simplicité. Un bel exemple à suivre.
UNE ENFANT DE LA BALLE
Enfant de la balle, Catherine Dorléac est née en 1943 de parents acteurs. Issue d’une famille de comédiens – une grand-mère souffleuse à l’Odéon, une mère actrice de théâtre et un père directeur de doublage à la Paramount -, la petite Catherine ne rêve pourtant pas d’une carrière dans le cinéma. C’est sous l’impulsion de sa sœur, Françoise Dorléac, que Catherine passe son premier casting pour un petit rôle. À 19 ans, celle qui s’appelle désormais Deneuve – le nom de jeune fille de sa mère – quitte le foyer familial pour vivre avec Roger Vadim, de quinze ans son aîné. Père de son fils Christian, le cinéaste lui offre un rôle dans Le Vice et la vertu en 1963.
L’ÉGÉRIE DES PLUS GRANDS
En 1964, Catherine Deneuve est l’héroïne des Parapluies de Cherbourg, le mélo enchanté de Demy, succès public et Palme d’or à Cannes. Très vite, la jeune femme devient l’égérie des plus grands : tous se l’arrachent. Mais en 1967, c’est le drame. Sa sœur Françoise, avec qui elle avait connu la gloire dans Les demoiselles de Rochefort, meurt dans un accident de voiture. Dans La Vie de château puis Le Sauvage, Rappeneau exploite sa fantaisie et son sens du rythme. Hollywood fait alors les yeux doux à Catherine Deneuve, qui tourne aux côtés de Jack Lemmon et Burt Reynolds et devient l’image de Chanel aux États-Unis. Dirigée par de grands Italiens comme Bolognini et Ferreri, l’actrice rencontre en 1969 François Truffaut, qui fait d’elle sa Sirène du Mississippi avant de lui donner l’un de des plus grands rôles dans Le Dernier Métro.
NOTRE MARIANNE NATIONALE
Année après année, Catherine Deneuve, choisie en 1985 comme modèle pour le buste de Marianne, continue d’occuper une place centrale dans le paysage cinématographique français. Sa participation à de grandes fresques populaires, comme Indochine de Wargnier (avec à la clé un nouveau César en 1992) et à une comédie comme Belle Maman asseoit son statut de star, mais la cinéphile Deneuve travaille aussi avec les talents les plus singuliers du cinéma français, de Carax à Desplechin en passant par Ozon, et même à l’international (Oliveira, von Trier).
UNE FILMOGRAPHIE TRÈS RICHE
Mettant régulièrement à mal son image de femme sophistiquée, Catherine Deneuve prend part aux projets les plus variés : du film choral et glamour à la française au dessin animé novateur, de la comédie décalée au film conceptuel, du jeune cinéma d’auteur (à la superproduction. En 2010, elle retrouve François Ozon qui la métamorphose dans Potiche, comédie de boulevard dans laquelle elle interprète une épouse effacée, muée en femme d’affaires plus combative que jamais. La même année, elle est à l’affiche du drame Les Yeux de sa mère, dans lequel elle interprète une journaliste star de la télé.
Ce sera d’abord le coup de foudre avec Roger Vadim en 1962, avec qui elle aura un fils, Christian. Puis, elle se marie avec le photographe David Bailey. Puis, elle rencontre Marcello Mastroianni. De cette relation naît, en 1972, Chiara, elle aussi actrice. Par la suite, elle a été la compagne de l’homme d’affaires Bertrand de Labbey, qui reste son agent et avec l’homme de médias Pierre Lescure dans les années 1980.
HUMOUR ET AUTODÉRISION
Après avoir une nouvelle fois prouvé son sens de l’auto-dérision en incarnant la Reine d’Angleterre face à Astérix et Obélix, puis dans Le Tout Nouveau Testament, Catherine Deneuve fait une nouvelle rencontre de cinéma en la personne d’Emmanuelle Bercot, qui la dirige à deux reprises dans Elle s’en va puis La tête haute, film d’ouverture du Festival de Cannes 2015. Puis l’actrice tient tête à Gérard Depardieu dans Bonne pomme, une comédie aussi douce que surprenante.
UNE FEMME LIBRE ET ENGAGÉE
L’actrice a toujours défendu et soutenu la cause des femmes. En 1971, elle a d’ailleurs signé le Manifeste des 343 salopes, en faveur du droit à l’avortement, qu’elle a elle-même vécu et sur lequel elle s’est exprimée : « C’est une expérience qui fait partie de la vie des femmes de ma génération. Aujourd’hui, on ne s’en rend pas compte, on banalise cela, mais à l’époque… C’est un acte déjà effroyable en soi, mais quand, en plus, il est interdit et qu’il faut le subir dans des conditions compliquées, c’est très culpabilisant. Et la culpabilité, c’est terrible ! On apprend à vivre avec, mais on ne s’en remet pas. » Plus récemment, aux côtés de l’écrivaine Catherine Millet et d’une centaine de femmes, elle a défendu dans le journal Le Monde « la liberté d’importuner » pour les hommes, « indispensable à la liberté sexuelle », dans une tribune à contre-courant de l’élan né de l’affaire Weinstein, s’attirant cette fois-ci les critiques de féministes.
« J’ai une relation très forte à la famille. Quand je suis avec eux, je ne parle pas de cinéma, je suis sur le terrain seulement personnel. D’ailleurs, de manière générale, je parle très peu de mon travail. »
TOUJOURS AUSSI DEMANDÉE
A 77 ans, et pour notre plus grand plaisir, la carrière de Catherine Deneuve est loin d’être terminée, puisqu’elle est toujours autant demandée par les réalisateurs. On l’attend notamment dans pas moins de quatre films d’ici la fin de l’année. Si la comédienne exprime les « difficultés pour les acteurs de vieillir, même pour les hommes », elle affirme ne « pas se battre » contre les stigmates du temps. « Ce que je veux garder, c’est l’énergie, la vitalité. C’est ce qui importe vraiment dans la vie. »
FACE AU TEMPS QUI PASSE
Face au temps qui passe, la comédienne reste lucide : « Mais oui, évidemment que c’est ennuyeux de vieillir ! On a beau essayer de se faire à cette idée du vieillissement, il y a des jours moins bons que d’autres, et de plus en plus de ces jours moins bons… Et puis, vieillir, c’est sentir que tout part en creux : les forces s’en vont, l’énergie se perd, les os diminuent, les muscles disparaissent, la peau se sèche. C’est comme une lente flétrissure… Enfin, le plus important, c’est d’avoir sa tête ! »
ANCRÉE DANS LE RÉEL
Au quotidien, Catherine Deneuve vit à Paris, dans le quartier Saint-Sulpice, et passe souvent ses week-ends en famille, avec ses petits-enfants, à Guainville (Eure-et-Loir). Gourmande, appréciant le jardinage et les longues promenades dans la nature, elle mène entre deux tournages, une existence d’une grande simplicité, bien ancrée dans le réel, qui laisse une large part à la lecture et à la musique, ses deux passions avec sa famille. C’est certainement cela le secret de sa longévité comme de sa beauté, être toujours en vérité, au cinéma comme dans la vie. A.M.