La dégénérescence maculaire liée à l’âge, dite D.M.L.A., est un véritable problème de santé publique. C’est même la cause la plus fréquente de dégradations irréversibles de la vue des seniors. Comment s’en prémunir et y faire face ?
DES CHIFFRES EFFRAYANTS
En France, à partir des données de l’INSEE, on peut actuellement estimer à plus de 2 millions le nombre de sujets âgés de plus de 65 ans atteints de D.M.L.A. et à 400 000 le nombre de patients présentant une forme compliquée dans cette tranche d’âge. En fait, l’allongement de la durée de vie aboutit à une augmentation de cette maladie qui survient généralement à partir de 60 ans.
C’EST QUOI ?
La D.M.L.A. est une affection entraînant une perte progressive de la vision centrale. Maladie génétiquement transmissible, elle est responsable d’un nombre croissant de cas de mal vision, proportionnel à l’augmentation de l’espérance de vie. Touchant sélectivement la région maculaire, c’est à dire la zone de la rétine utilisée pour voir les objets fixés par l’œil, cette dégénérescence des cellules visuelles rétiniennes se traduit par une gêne visuelle plus ou moins perceptible au début de la maladie. Il s’agit d’une lésion d’abord unilatérale et c’est à ce stade qu’un traitement précoce par le laser peut parfois être relativement efficace. Peu à peu la lésion augmente de taille, créant un scotome (zone aveugle). La vision de près, utile pour la lecture par exemple, devient rapidement très pénible, voire impossible.
DEUX FORMES PRINCIPALES
Tout d’abord, on note la forme atrophique ou « sèche ». La plus fréquente, elle se caractérise par la survenue progressive au sein de la macula de dépôts adipeux. Cette forme évolue implacablement, mais lentement, vers la cécité. La deuxième forme, dite « exsudative » ou humide, touche entre 10 et 15 % des malades. Elle est la conséquence du développement anormal de néovaisseaux dans le tissu rétinien et des complications hémorragiques et cicatricielles qui en résultent. Plus grave, elle conduit en quelques mois, voire quelques semaines, à un effondrement de la vision.
L’IMPORTANCE D’UN DIAGNOSTIC PRÉCOCE
La D.M.L.A. étant actuellement la première cause de cécité dans les pays industrialisés, on comprend donc l’importance d’un diagnostic précoce. Cependant moins d’un quart seulement des patients consultent à temps et parviennent ainsi à conserver une vision centrale pour la lecture. Pour les autres c’est trop tard. D’où l’importance d’un dépistage régulier.
DES CONSÉQUENCES DIVERSES
La grande majorité des personnes atteintes n’auront pas de handicap visuel. Les personnes ressentent surtout le besoin de lumière pour lire et signalent aussi des éblouissements. Après des années (ou des dizaines d’années) d’évolution, toute la zone centrale finit parfois par être atteinte, ce qui provoque une baisse de vision importante, et les personnes peuvent avoir l’impression d’une évolution brutale de la maladie. Dans les formes néovasculaires, celles avec néovaisseaux visibles ont tendance à s’aggraver rapidement et doivent être traitées d’urgence. Celles avec néovaisseaux occultes évoluent de façon variable d’une personne à l’autre. Si certaines gardent une vision stable malgré la présence de néovaisseaux occultes derrière le centre de la macula, la plupart ont une baisse de vision progressive au cours des mois ou des années.
QUEL TRAITEMENT ?
Il n’existe pas à l’heure actuelle de traitement réellement efficace pour cette pathologie. Dans une petite fraction des cas, un bénéfice peut être obtenu par un traitement au laser. L’angiographie rétinienne réalisée en urgence permet de décider ou non du traitement par le laser. La forme atrophique, malheureusement la plus fréquente, est incurable à ce jour, les cellules rétiniennes meurent progressivement et n’ont pas la capacité de se régénérer. La forme néovasculaire, la plus rare mais la plus agressive, peut parfois être jugulée. Il ne faut pas attendre une amélioration mais tout au plus un arrêt de l’évolution de la maladie.
QUID DE LA PHOTOTHÉRAPIE
Le seul traitement ayant prouvé une efficacité relative jusqu’alors était la photocoagulation au laser, ce traitement comportant de nombreuses limites, d’autres techniques, dont la photothérapie, sont actuellement utilisées dans le traitement de la D.M.L.A. Ce nouveau procédé a été favorisé par l’angiographie au vert d’indocyanine, un colorant aux propriétés différentes de la fluorescéine, qui a permis de situer les néovaisseaux localisés en arrière de la fovéa, jusque-là inaccessibles.
COMMENT ÇA MARCHE ?
La photothérapie dynamique comporte deux phases. Dans un premier temps, l’ophtalmologiste administre par voie intraveineuse une molécule photosensibilisante, la vertéporfine, commercialisée sous le nom de Visudyne. Introduite dans la circulation sanguine, la Visudyne va venir se fixer électivement dans les néovaisseaux anormaux de la macula. Dans un deuxième temps, le fond de l’œil est illuminé quelques secondes à l’aide d’un faisceau laser de couleur rouge qui va « activer » le principe actif, ce qui provoque la coagulation des néovaisseaux. Ce laser à diode, de très faible intensité, a l’avantage d’être totalement inoffensif pour les tissus environnants. Il n’y a donc aucun effet secondaire, contrairement au laser.
QUELS RÉSULTATS ?
Cette technique a permis d’améliorer durablement l’acuité visuelle de 67% des patients traités selon une étude internationale. Les médecins préconisent en général trois injections la première année, deux la seconde et une la troisième. D’autres espoirs reposent sur la thermothérapie transpupillaire, la chirurgie de retournement de la rétine, la greffe d’épithélium pigmentaire et pourquoi pas une macula artificielle ou des inhibiteurs des facteurs de croissance.
LE RÔLE CLÉ DE L’ALIMENTATION
Des travaux suggèrent l’importance d’une alimentation variée riche en légumes verts et en fruits frais. L’alimentation est, de plus, la principale source d’apport des constituants du pigment maculaire. Il s’agit du pigment jaune qui donne sa couleur caractéristique à la macula. Différentes études suggèrent que ce pigment jaune aurait un effet protecteur vis-à-vis de la maladie. Les aliments les plus riches en pigment maculaire sont les légumes verts (brocoli, épinards) et le maïs. Enfin, certaines études suggèrent que la consommation d’huile de poisson, qui comporte certains acides gras spécifiques, jouerait un rôle protecteur vis-à-vis de la D.M.L.A.
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Quelques minutes plus tard, le malade peut rentrer chez lui. Les seules précautions à prendre sont de se protéger du soleil et des sources de lumière vive, avec des lunettes noires et des habits couvrant pendant 48 heures. Les résultats du traitement sont évalués après 3 mois, sur clichés angiographiques de la rétine. Plusieurs injections sont nécessaires pour stopper la prolifération des néovaisseaux et préserver la vision.