Charlotte Valandrey s’est construit au fil des épreuves une philosophie de vie unique : l’optimisme vrai. Se concentrer sur la réalité de l’instant présent, sur tout le potentiel que l’on a en soi, et aimer vraiment la personne que l’on est. Et si, grâce à son expérience et à ses conseils bienveillants, on apprenait enfin à jouir de la vie ici et maintenant ?
La comédienne apprend à 19 ans qu’il ne lui reste plus que six mois à vivre. Pourtant, en 2018, elle a fêté avec joie son cinquantième anniversaire. Malgré sa séropositivité et une greffe du cœur, elle est bien en vie et toujours emplie d’une énergie débordante. Riche de son parcours atypique de femme, de mère, de comédienne à succès, de malade et d’auteure, Charlotte a accepté de partager son expérience et de se livrer comme jamais, sans aucun tabou, évoquant ses épreuves et ses victoires, ses forces et ses faiblesses, mais aussi ses peurs et ses angoisses. Force est de constater que l’écouter et la lire font du bien. C’est d’ailleurs un véritable coup de cœur que nous avons eu à la rédaction pour son dernier livre que tout le monde devrait avoir sur sa table de chevet ou offrir à ses proches.
Vous venez de sortir un nouveau livre aussi passionnant que surprenant, certainement l’un des meilleurs ouvrages de développement personnel du moment. Vous aviez ce besoin de transmettre ?
Charlotte Valandrey : Oui, il y a de ça. Je me suis rendu compte avec mes précédents livres que mon témoignage, le fait de raconter mon histoire et les épreuves de ma vie, avait fait du bien à de nombreux lecteurs. Malgré tout ce que j’ai vécu – ma séropositivité, ma greffe du cœur -, malgré le fait qu’on m’avait annoncé à l’âge de 19 ans que je ne survivrai pas plus de six mois, j’ai pu fêter cette année mes 50 ans. J’ai réussi aujourd’hui à rester lucide avec moi-même, à profiter de chaque instant, à retravailler alors que ce n’était pas gagné d’avance… J’avais envie de partager dans ce livre le chemin qui m’a permis d’y arriver et de croire en moi et en la vie. Et je me suis dit que si ce livre ne pouvait aider ne serait-ce qu’une personne à aller mieux, et donc à lui donner de l’espoir, alors il fallait l’écrire et le publier.
« L’optimisme vrai consiste à concentrer ses forces, ses pensées, ses émotions, ses talents vers un seul objectif : avancer libre et fort, quels que soient les objectifs, en restant toujours lucide et en partageant le meilleur de soi. »
Vous y développez et approfondissez une philosophie de vie basée sur « l’optimisme vrai ». Comment la résumeriez-vous en quelques mots ?
C.V. : L’optimisme vrai n’est pas un optimisme béat ni forcé, ni une forme de méthode Coué, qui peut certes faire du bien par moment, mais ne peut pas tenir sur la durée. C’est une philosophie de vie dans l’instant présent, au jour le jour et au long cours. Elle consiste à prendre conscience de ce qui va objectivement bien dans notre vie. Trop souvent, on a tendance à oublier et à mettre de côté ce qui va bien, ce qui est joli dans notre existence, pour ne se concentrer que sur les difficultés, les épreuves et les peurs. Nos pensées négatives tournent en boucle dans nos têtes. On rumine, on se fait du mal… On passe notre temps à se faire des films, à imaginer le pire dans le futur. Alors qu’objectivement, ce « pire » n’existe pas dans l’instant présent. C’est une projection de nos peurs conscientes ou inconscientes. L’optimisme vrai consiste à concentrer ses forces, ses pensées, ses émotions, ses talents vers un seul objectif : avancer libre et fort, quels que soient les objectifs, en restant toujours lucide et en partageant le meilleur de soi. On peut ainsi aller de mieux en mieux et gagner en confiance en soi.
Vous avez donné un nom à votre méthode : ADIVA. Expliquez-nous.
C.V. : Je me suis aperçue que si le sentiment de peur dans nos vies est bien réel, ce qui le provoque n’est pas vrai. Quand une femme affirme : « Plus aucun homme ne m’aimera jamais », elle exprime sa peur de la solitude, mais elle n’est en aucun cas certaine que ce sera le cas. Et d’ailleurs, c’est rarement le cas, car elle retrouvera l’amour à un moment où elle ne s’y attendra absolument pas. ADIVA est un acronyme qui reprend les initiales des trois étapes essentielles de la méthode très personnelle qui m’a permis d’aller mieux dans ma vie et que je partage avec mes lecteurs. « A » pour « Accueil émotionnel et acceptation », « DIV » pour « Dialogue Intérieur de Vérité » et « A » pour « Action ».
Pouvez-vous nous en dire plus ?
C.V. : Le premier « A » consiste à comprendre ce qui nous bouleverse et à accepter nos émotions. Quand l’émotion est négative, il faut se demander « est-ce vraiment vrai ? » et aller au plus profond de soi, bien creuser, pour voir si on ne met pas des réponses écrans pour éviter de voir la vérité en face ou pour voir les choses bien plus noires qu’elles ne sont en réalité. C’est une véritable introspection avec soi-même. Le « Dialogue Intérieur de Vérité » permet ensuite de se poser les bonnes questions. Et le dernier « A » permet de réfléchir à ce qui ne va pas et à mettre en place tout un panel de solutions pour aller mieux, des plus simples (comme aller marcher dans la nature, prendre un moment pour discuter avec sa meilleure amie, faire un câlin à son enfant, prendre un bain ou un moment pour soi…) aux plus difficiles (comme changer de travail, sortir pour aller à la rencontre de nouvelles personnes…). L’objectif est d’agir, même avec la plus petite chose qui soit, quand ça ne va pas. J’ai mis quinze ans à trouver cette méthode pour moi. Alors, si je peux faire gagner du temps à celles et ceux qui me liront en leur permettant d’aller mieux, ce serait un magnifique cadeau de la vie!
Sont-ce toutes les épreuves que vous avez traversées qui vous ont rendu plus forte ? Est-ce une forme de résilience ou quelque chose d’inné chez vous ?
C.V. : Il y a forcément une part d’inné que je dois certainement avant tout à l’amour de mes parents. C’était un cadre solide et très équilibrant. Je n’ai jamais eu peur d’affronter les difficultés et d’essayer de trouver des solutions. Mais je crois que ce chemin s’est aussi construit pas à pas. J’ai beaucoup travaillé sur moi, j’ai appris à me remettre en question. Je crois qu’on a tous en nous une petite part d’optimisme. Il suffit de la faire grandir pour aller mieux, mais à condition de rester toujours en vérité. Il faut que ce soit un optimisme vrai. C’est cette philosophie de vie qui permet de prendre conscience que nous avons toutes les ressources en nous.
Votre livre est un vibrant message d’amour à la vie. C’est cela l’ultime message : « N’attendez pas pour aimer » ? C’est-à-dire aimer la vie, vous aimer, aimer les autres ?
C.V. : Oui, car à l’origine de l’optimisme, il y a notre regard, en premier lieu celui que nous posons sur nous-mêmes. Comment peut-on être optimiste sans croire en soi ? Comment peut-on être optimiste vrai sans accepter ni aimer tout en nous, l’ombre et la lumière ? On est souvent trop sévère avec soi-même, c’est un tort. En vérité, on fait toujours au mieux, même quand on fait le pire. C’est un constat. Je suis principalement responsable de ce qui m’est arrivé. C’est donc en affirmant ma part de responsabilité que je deviens véritablement actrice de ma vie, que je la mène et peux la changer. Si je ne suis responsable de rien, alors je subis ma vie, je n’ai aucun moyen de l’influencer puisque tout ce qui m’arrive est dû à des causes extérieures à moi-même. Se victimiser en permanence nous retire notre pouvoir d’agir et donc d’aller mieux. On peut tous devenir notre propre meilleur ami.
« Au lieu de ne fixer que ce qui nous rend malheureux, apprenons à regarder et cultiver tout ce qui nous rend heureux. Et n’hésitons pas à faire, chaque fois que possible, ce qui pourrait nous rendre plus joyeux, là, à l’instant. »
Ce qui est merveilleux et bouleversant dans votre livre, c’est votre capacité à vous mettre à nu, à expliquer votre dialogue intérieur…
C.V. : Je crois que l’on fait mieux passer les messages quand on ose dire et raconter sa propre expérience et notamment ses doutes, ses peurs et ses fragilités intérieures. C’est cette expérience de vie, en vérité, que l’on peut transmettre. Si j’ai livré mes dialogues intérieurs, au plus intime de moi-même, c’est pour que les gens comprennent et que ça fasse écho en eux. Ça a marché pour moi, ça peut marcher pour eux !
Aucun thème n’est tabou avec vous : la sexualité, la solitude, l’âge… trois sujets qui sont au cœur de la vie des femmes de plus de 50 ans. Quelles sont vos clés face à la solitude et au temps qui passe ?
C.V. : A chacune de trouver ses propres clés. Dans mon cas, face à la solitude, ça a été d’apprendre à devenir ma meilleure amie. La solitude peut même devenir une alliée si on ne s’isole pas. Car il ne faut pas confondre solitude et isolement. C’est ainsi, le temps passe, nos parents décèdent, nos enfants grandissent, parfois nos amours s’en vont et certains amis s’éloignent… mais il y aura toujours dans notre vie quelqu’un qui sera toujours là pour nous : nous-mêmes. J’ai toujours pensé qu’il valait mieux vivre seule que mal accompagnée, surtout si l’on décide d’être tendre et aimante avec soi-même. Si la solitude est « habitée », on ne se sent jamais seule ! Quant à l’âge, je pense que les mentalités ont bien évolué. Il n’y a qu’à voir toutes ces femmes qui restent magnifiques après 70 ans. Vieillir n’est pas une maladie et on peut mettre en place un plan d’action pour que tout se passe au mieux. Dans mon cas, j’ai changé mon alimentation, j’ai appris à méditer, respirer, faire du yoga, marcher dans la nature…
Si les lecteurs ne devaient retenir qu’un seul message essentiel de votre livre, vous aimeriez que ce soit lequel ?
C.V. : A partir du moment où nous ne sommes pas des « monstres », nous sommes réellement tous de « belles personnes ». L’important, c’est donc de faire pousser nos qualités et d’assécher nos défauts. L’unité, l’équilibre, commencent par soi-même. Ensuite, il faut s’entourer des bonnes personnes et fuir tout ce qui est toxique. Le passé est passé. Le futur n’existe pas encore. Seul existe et compte l’instant présent. Au lieu de ne fixer que ce qui nous rend malheureux, apprenons à regarder et cultiver tout ce qui nous rend heureux. Et n’hésitons pas à faire, chaque fois que possible, ce qui pourrait nous rendre plus joyeux, là, à l’instant.
Vous concluez votre ouvrage en écrivant « Croire au merveilleux, c’est croire en soi ». Expliquez-nous.
C.V. : Je n’ai pas de recette du bonheur. Le bonheur, c’est un état à un moment donné. L’objectif pour se sentir bien ou mieux, c’est donc de se remplir d’un maximum de petits états de bonheur. Mais ça demande de la volonté, ça se travaille. La magie existe, c’est évident, elle est autour de nous chaque jour, dans le sourire d’un enfant, la perfection d’une fleur, le battement de nos cœurs. Le merveilleux, c’est rester attentif à la beauté de notre monde, être optimiste vrai. Quand la réalité devient insupportable, quand la foudre frappe dans ma vie, je me souviens du merveilleux. Car croire au merveilleux en effet, c’est croire en soi.
Propos recueillis par Valérie Loctin.