Comme il est indispensable d’apprendre à marcher puis à conduire avant de se déplacer sans danger, il est nécessaire de comprendre comment bien piloter son cerveau. Voici des clés pour stimuler votre mémoire au quotidien et vieillir en pleine santé.
Vous devez d’abord être convaincu que votre cerveau, votre esprit et votre corps ne font qu’un. Ils fonctionnent et interagissent ensemble. Votre nourriture intellectuelle a autant d’importance que votre alimentation quotidienne pour les maintenir en bonne santé. Et vos émotions jouent également un rôle majeur. Entretenir sa mémoire commence donc par une véritable hygiène de vie sur tous les plans.
NOTRE PLUS GRAND TRÉSOR
Notre mémoire est un trésor que nous devons essayer de conserver le plus longtemps possible. Sans elle, pas de vie en société possible, pas de scolarisation, pas de conversation. C’est d’ailleurs le gros souci des personnes vivant avec quelqu’un atteint d’Alzheimer : l’impression de ne plus pouvoir soutenir une discussion ; la mémoire étant comme paralysée et revenant sans cesse sur les mêmes éléments, comme si elle tournait en rond.
LE MOTEUR DE VOTRE PENSÉE
Notre cerveau est le moteur de nos activités et de notre pensée. Il traite en même temps toutes les informations de notre environnement, qu’elles soient visuelles, auditives, tactiles ou olfactives. Pour agir, notre cerveau mobilise l’attention pour sélectionner les informations pertinentes, la mémoire de travail pour les manipuler en temps réel, la mémoire à long terme pour les enregistrer, puis les retrouver au moment opportun. Toutes ces informations et surtout leurs interactions nourrissent nos différentes formes d’intelligences, sachant que les émotions jouent un rôle fondamental dans tous ces processus.
COMPRENDRE POUR AGIR
En connaissant le fonctionnement de votre cerveau (anatomie, pensée, mémoire, automatisation, etc.), en sachant comment l’entretenir (alimentation, oxygénation, régénération), en comprenant comment le « conduire » et le stimuler (gérer l’activité mentale, donner du sens à ce qui arrive, gérer les émotions, etc.), en manœuvrant en interaction et en réagissant aux dysfonctionnements (stress, dépression, etc.), vous serez plus performant, plus motivé et plus serein.
ÉLABORER UN PLAN D’ACTION
L’objectif est d’apprendre à optimiser votre mémoire et à choisir votre alimentation afin de bien nourrir votre cerveau. Au-delà de l’hygiène de vie, notre environnement conditionne la souplesse cérébrale. Avoir des amis, gérer ses émotions, être créatif et optimiste, pratiquer une activité physique ou encore avoir des projets sont des atouts indispensables pour entretenir une mémoire de champion, une rapidité intellectuelle phénoménale et une motricité de précision.
UNE « MACHINE » COMPLEXE
C’est cette mémoire qui nous permet de progresser et de nous adapter en mémorisant justement des informations ou en recopiant des comportements, du vocabulaire déjà perçu visuellement, auditivement. L’apprentissage est une phase essentielle. Car la mémoire n’est pas unique : visuelle, auditive, sensorielle, affective ou intellectuelle… Celle que l’on fait travailler intentionnellement nous permet de restituer des comportements, des messages, des écrits…
UN FONCTIONNEMENT À TIROIRS
Elle dispose également de plusieurs tiroirs, le cerveau l’aidant à ne pas s’encombrer de notions inutiles : à court terme, et à long terme, les éléments retenus ne le sont pas de la même façon. Certains souvenirs ou certains textes sont ainsi gravés dans notre cerveau à vie. A contrario, il arrive parfois que nous ne parvenions pas à mémoriser certains prénoms, visages, numéros… Complexe, notre trésor…
DU RÔLE DES NEUROTRANSMETTEURS
D’autant que la mémoire n’est pas située à un endroit bien précis que l’on pourrait tenter de « réparer » comme certains organes. Plusieures zones de notre cerveau vont ainsi traiter et conserver des données externes. Inutile de faire un cours sur cortex, cervelet, hippocampe, etc., l’important est que nos chers neurones continuent à fonctionner et à communiquer entre eux. De nombreux troubles, et maladies de la mémoire, proviennent effectivement d’un déficit au niveau des neurotransmetteurs qui permettent justement à nos neurones de tenir leur rôle correctement.
S’INQUIÉTER DE SES OUBLIS ?
L’oubli est tout à fait normal, il fait partie de notre vie sans que l’on ait à s’en inquiéter. Tout reste affaire de proportion. Il arrive parfois que nous ayons « zappé » une information, soit parce que nous n’étions pas attentifs et notre cerveau n’a pas pu la traiter correctement, soit parce que nous croulons sous le nombre de tâches à faire et arrivons à saturation, soit encore parce que consciemment ou non, et probablement affectivement, il s’agit d’une donnée qu’au fond de nous, nous n’avons pas « envie » de garder ou d’intégrer. Donc pas d’inquiétude, les petits oublis de la vie de tous les jours ne signifient pas que vous êtes malade.
LA MÉMOIRE ET LE VIEILLISSEMENT
Contrairement à ce que l’on se plait à répéter en plaisantant, nos neurones devraient largement suffire à ce que notre mémoire continue à fonctionner jusqu’à un âge avancé, car ils sont tellement nombreux que nous pouvons vieillir dans de bonnes conditions intellectuelles. En revanche, il est exact que comme nous sommes plus lents dans nos gestes, nous devenons moins agiles cérébralement. Mémoire et apprentissage étant intimement liés, normal que tout cela soit un peu plus difficile. Il arrive aussi que l’on ait effectivement des ennuis de mémoire, aussi appelés troubles cognitifs, mais qui ne perturbent aucunement l’autonomie de la personne. Il faut quand même surveiller l’évolution et éventuellement suivre un traitement préventif, permettant notamment de compenser une déficience éventuelle de dopamine.
ATTENTION À L’ISOLEMENT
La plupart des médecins pensent que le fait d’être moins sollicités intellectuellement, verbalement, est la cause principale de la perte de capacité de la mémoire dans la majorité des cas. En effet, il arrive fréquemment que les personnes âgées soient plus isolées, parfois aussi moins argentées pour participer à des activités sociales et cet isolement ainsi qu’une activité physique ralentie nuisent au maintien d’une bonne mémoire.
GARDER UNE VIE SOCIALE
Ces facteurs ne doivent pas être sous-estimés. Garder une vie sociale est essentiel non seulement pour l’affectif mais aussi pour l’intellect. Il faut aussi avoir la volonté de s’entretenir et cela signifie accepter de faire quelques efforts. Les nombreux clubs, associations pour seniors, permettent aujourd’hui de participer à des activités si on le souhaite.
TESTS & STIMULATION
Il existe de nombreux tests permettant de faire un point sur son état. Le médecin peut également vous examiner de façon plus spécifique, afin de voir si votre cerveau a subi quelques détériorations. Avant de stimuler, il faut déjà savoir où l’on en est. Il est vrai que les jeunes prennent souvent des médicaments parapharmaceutiques supposés les aider en période d’examen. Mais à trop stimuler, on perturbe le sommeil et on arrive à la situation inverse de l’objectif recherché, car le sommeil est un élément positif pour permettre au cerveau d’intégrer les données, notamment lorsque nous sommes en période de surcharge. Mieux vaut laisser les traitements aux personnes présentant une réelle déficience.
VIVE LA PLASTICITÉ CÉRÉBRALE !
On sait désormais qu’il est possible de réduire les risques et/ou de retarder le déclin de nos fonctions cognitives en suivant par exemple une alimentation saine et équilibrée, en pratiquant une activité physique régulière, mais aussi en stimulant son cerveau. Il s’agit en fait de solliciter la plasticité cérébrale, cette capacité du cerveau face à des stimuli à générer de nouvelles connexions neuronales et synaptiques et à renforcer ainsi certains circuits, voire même en créer de nouveaux.
DES RÉSULTATS SCIENTIFIQUES
On a pu prouver scientifiquement que le cerveau peut se modifier en seulement quelques séances, par le biais de la pratique régulière d’une activité mentale. Et plus on s’entraîne, plus les résultats se consolident. Différentes études ont pu démontrer qu’aucune différence significative relative à l’âge n’a pu être constatée concernant la plasticité du cerveau. Autrement dit, la structure cérébrale des seniors peut tout à fait continuer d’évoluer.
STIMULER VOS CAPACITÉS COGNITIVES
Spécialiste de vulgarisation scientifique, Jack Guichard nous invite aujourd’hui dans son tout dernier livre « Défiez votre cerveau ! » (Larousse) à comprendre comment nos neurones fonctionnent et à stimuler nos capacités cognitives en nous amusant. Son ouvrage propose en effet des séries de jeux pour s’amuser seul ou lors de soirées entre amis. Il fait découvrir comment fonctionne notre cerveau, chacun de nous ayant ses particularités en fonction de ses apprentissages et de son vécu.
PRIVILÉGIER SON SOMMEIL
La mémoire est particulièrement conditionnée par la qualité du sommeil par exemple. On sait déjà depuis longtemps qu’un travail important se réalise pendant la nuit et il est clair que bien dormir est capital pour les capacités intellectuelles, y compris la mémoire. Par contre, inutile de lire avant de dormir le sujet que vous devez apprendre pour le lendemain, car vous n’allez pas retenir ce que vous venez de lire par miracle simplement en dormant. Ce serait merveilleux bien entendu et cela a parfois été entendu et répété, mais ce n’est pas le cas.
CHAQUE JOUR ! Voici trois exercices pour mobiliser votre attention immédiate et donc votre mémoire.
1. Observez un objet durant 30 secondes, puis essayez de vous le représenter mentalement les yeux fermés le plus nettement possible.
2. Observez durant 30 secondes le visage de quelqu’un que vous connaissez bien : essayez de vous le représenter mentalement le plus précisément possible.
3. Baissez progressivement et très lentement le son de la radio et essayez de l’écouter jusqu’à ce que vous n’entendiez plus rien. Vous pouvez aussi essayer de le faire avec un bruit de fond.
SOIGNER SON MODE DE VIE
On ne le répètera jamais assez, il faut adopter un mode de vie sain. Bien sûr, cela ne s’applique pas qu’à la mémoire, la santé globalement passe par une hygiène de vie raisonnable. Le tabac et surtout l’alcool ont un effet très nocif, car ils agissent sur la capacité des neurotransmetteurs à remplir leur rôle correctement. On peut donc avoir des amnésies temporaires en cas de forte absorption d’alcool. Certains médicaments ou somnifères peuvent aussi provoquer des pertes de mémoire. Dans ce cas, tout doit rentrer dans l’ordre à la fin du traitement.
LUTTER CONTRE LE STRESS
Trop de stress ou d’anxiété peut aussi venir perturber notre cerveau et nous empêcher de stocker certaines informations ; ce qui vient d’ailleurs se rajouter à notre souci. Travaillez d’abord à diminuer votre stress avant de vous inquiéter de votre mémoire et de l’exercer correctement.
S’EXERCER AU QUOTIDIEN
Si vous avez tendance à ne pas retenir un mot de passe, un numéro de téléphone ou une date de rendez-vous, vous n’êtes pas atteint d’Alzheimer pour autant ! Cela arrive à tout le monde et ce n’est pas grave. Une multitude d’exercices vous permettent de vous creuser les méninges et, à force d’entraînements réguliers, de constater une progression dans votre mémorisation de tous les jours. Exercer sa mémoire tout comme l’on exerce ses muscles afin de garder une certaine vigueur quel que soit l’âge, fonctionne aussi avec notre cerveau. Ainsi la lecture, les mots croisés, le bridge sont des activités que l’on préconise souvent afin de garder une mémoire alerte.
DU NEUF & BANNIR LA ROUTINE
Apprendre quelque chose de nouveau, comme un instrument de musique ou un texte, même à un âge avancé, est un bon moyen de garder la matière grise alerte. Et plus c’est difficile, mieux c’est ! « Cela signifie que le cerveau trouve l’effort pénible », explique le docteur Rockwood. Bannissez la routine, car le cerveau pour fonctionner a besoin de nouveauté. Donc n’hésitez jamais à faire de nouvelles activités, comme apprendre une langue étrangère par exemple.
APPRENDRE UNE LANGUE ÉTRANGÈRE
En 2014, le Journal of Neurolinguistics a publié une étude faite par des chercheurs de l’université de Pennsylvanie révélant que l’apprentissage d’une langue étrangère aide à retarder le vieillissement du cerveau et donc l’apparition des troubles cognitifs. Apprendre une langue développe la réserve cognitive, ce qui rend plus résistant aux lésions cérébrales. Les scientifiques ont non seulement remarqué que la mémoire des plus âgés était aussi performante que celle des plus jeunes, mais aussi que les premiers passaient plus de temps sur les mots à valeur élevée, dans un souci d’efficacité.
STIMULER PAR LES JEUX
Des mots croisés, du sudoku, des jeux de mémoire, de logique ou de calcul ou des casse-têtes sont un excellent moyen de faire travailler le cerveau et une méthode sûre de le garder alerte. «Ces jeux vous aident à créer des connections dans votre cerveau, explique le docteur Rockwood. En définitive, les jeux sont un bon moyen de faire travailler votre cerveau parce que vous devez réfléchir et non demeurer passif.» Mais attention, lorsqu’un jeu devient trop facile, le cerveau n’en profite plus. Il faut donc passer à un autre.
PRATIQUER LA « BRAIN GYM »
Mise au point aux Etats-Unis par le chercheur Paul Dennison, la « Brain Gym » propose d’utiliser le corps pour mieux apprendre et stimuler ses capacités cognitives : ce courant éducatif a mis au point 26 mouvements simples qui ont chacun leurs vertus. Certains aident à évacuer les tensions pour mieux se concentrer. D’autres favorisent la compréhension et la mise en mémoire en stimulant les deux hémisphères du cerveau, d’autres encore peuvent aider à mieux lire ou à équilibrer les émotions. Le neuroscientifique Idriss Aberkane, quant à lui, dans son ouvrage « Libérez votre cerveau » (Ed. Robert Laffont), propose sept exercices de gymnoétique, la fameuse gymnastique de l’esprit.
S’ENTRAÎNER AVEC DES APPLIS
Si vous avez envie de faire travailler vos neurones dans les transports en commun ou pendant vos pauses, voici deux applications à consommer sans modération pour un cerveau fort et en bonne santé.
LUMOSITY
Utilisé par plus de 85 millions de personnes dans le monde entier, Lumosity offre un programme complet d’entraînement de cerveau avec plus de 25 jeux. Commencez à relever le défi de votre mémoire avec un ensemble de jeux soigneusement organisés qui utilisent vos habitudes et préférences d’entraînement pour cibler différentes façons d’entraîner votre cerveau.
MEMORADO
Avec plus de 4 millions d’utilisateurs, Memorado est une des références de l’entraînement cérébral. Améliorez votre mémoire, votre concentration et vos réflexes avec plus de 15 jeux et 450 niveaux d’entraînement.
L’AIDE DE LA MÉDITATION
Les neurosciences et la psychothérapie ont mis en lumière l’extrême plasticité du cerveau. Ainsi, l’activité mentale peut naturellement façonner la matière même de nos cerveaux. Le circuit neuronal des émotions est reconnu comme jouant un rôle prépondérant dans l’apparition des maladies et leurs guérisons. C‘est pourquoi, il est désormais prouvé que pratiquer chaque jour des séances de méditation (guidées ou pas) permet de renforcer sa mémoire et de stimuler ses capacités cognitives.
ESPRIT SAIN, CORPS SAIN !
Quel que soit notre âge, nous en revenons toujours au vieil adage « Mens sane in corpore sano » (Un esprit sain dans un corps sain). Malheureusement, cela ne va pas sans efforts qu’il s’agisse de sport physique ou d’entretien intellectuel. Puisque nous avons la chance aujourd’hui de pouvoir vivre plus âgés dans des sociétés qui restent privilégiées, autant se discipliner à ces petits exercices, afin de vivre ces années supplémentaires qui nous sont accordées dans les meilleures conditions possibles. Il sera toujours temps de se laisser aller…