Qu’en est-il donc d’Orpéa après le scandale qui a frappé cette entreprise pourtant chérie du monde financier ? L’une des stars de la Bourse a connu son annus horribilis et espère revoir le jour en 2023.
90%
C’est la perte subie par l’action Orpéa en 2022. Une perte de 90% due à la révélation des problèmes par la presse, ce qui a immédiatement provoqué la colère des familles de résidents, sans oublier l’ouverture d’une enquête pour « maltraitance institutionnelle ».
Pourtant, tout allait bien dans le meilleur des mondes pour l’ancienne direction, avec un parcours boursier que bien des groupes auraient pu envier. C’est d’ailleurs pour satisfaire encore un peu mieux ses actionnaires que l’ancienne gouvernance avait avalisé une stratégie conduisant à de nouvelles économies. Rien de plus normal après tout que de choisir cette orientation dans une entreprise cotée en Bourse et dont une des missions est de contenter ses actionnaires en leur versant des dividendes confortables.
Les maisons de retraite doivent évoluées
Avec le recul, on peut dire que le groupe s’était totalement égaré dans sa mission d’entreprise. En entrant dans un système de gestion classique, qui fonctionnait encore il y a quelques années, l’entreprise oubliait un peu vite dans quel secteur elle évoluait sans voir que le monde changeait. Les profils de financiers doivent aujourd’hui prendre en compte autre chose que des chiffres avant de choisir les orientations stratégiques.
Orpéa évolue dans un domaine extrêmement sensible, celui des résidences de personnes âgées, dont un bon nombre n’est pas en situation de parfaite autonomie. Du 100% social et non pas du 100% financier. En voulant contenter les porteurs de titres, Orpéa a oublié de contenter ses propres clients, c’est-à-dire les seniors, et les familles de seniors.
Le nouveau directeur général ne s’y est pas trompé, Laurent Guillot a déclaré il y a quelques semaines qu’Orpéa s’était « éloigné de son cœur de métier ». C’est le moins que l’on puisse dire.
Des contrôles, oui mais…
L’équipe dirigeante a été remerciée, une nouvelle a été mise en place qui a eu pour premier travail de renégocier la dette. L’action est passée de 90,56 à 6,16 euros en un an. Face à ce scandale inattendu et pourtant ancien, le gouvernement a prévu plusieurs mesures afin de permettre un meilleur contrôle des établissements dédiés aux seniors. Notamment parce que la plupart des groupes qui évoluent dans ce secteur reçoivent des fonds publics, dédiés à améliorer la situation des seniors et non pas celle des propriétaires d’établissements. Depuis la parution du livre à l’origine de cette crise, environ « 1400 structures ont été contrôlées » selon le ministre de l’Autonomie, Jean-Christophe Combe, donnant lieu à quelques 1800 injonctions, et surtout « 11 saisines du procureur de la République ».
Orpéa a lancé son « Plan de Refondation » en novembre dernier, il sera temps à la fin de cette année de faire un point sur les changements apportés. Gageons que les conditions s’améliorent et que par exemple les repas soient revalorisés… Et, que les acteurs de santé au sein de ces structures voient leurs salaires augmentés.
Celui par qui le scandale est arrivé
Victor Castanet est l’auteur de l’ouvrage au titre choc « les Fossoyeurs. Révélations sur le système qui maltraite nos aînés ». Trois ans d’enquête pour trouver les témoins de la dérive incroyable du groupe Orpéa, leader mondial des EHPAD.
Ce formidable travail a été récompensé par le prix Albert-Londres du livre 2022. Prévu pour être relativement confidentiel avec un tirage de 18 000 exemplaires, le livre a finalement atteint les 164 000 exemplaires après plusieurs rééditions.
La version poche vient de sortir le 25 janvier, riche d’une soixantaine de pages supplémentaires, qui mettent en avant quelques dérives datant de 2018 sur des pratiques quelque peu douteuses, suite aux confidences d’un chasseur de têtes ayant travaillé pour Orpéa.
Au final
Restons vigilant fasse à ce problème qui nous concerne tous. Quelques doutes subsistent face aux fonctionnements mêmes des maisons de retraite aux mains de groupes financiers. Peut-être qu’une prise de participations de l’État serait une piste ? On souhaite que la perte colossale en bourse permettra une prise de conscience salvatrice sur le changement de paradigme de ces groupes cherchant toujours plus de rentabilités. Heureusement, que certaines résidences seniors sont plus éthiques, nous refusons ici, de globaliser tout le système, mais force est de constater que les exemples insupportables sont nombreux ! Communiquez-nous votre expérience, bonne ou mauvaise. Les remontées de terrain sont toujours les plus utiles et permettent aussi de faire de meilleurs choix quand aux maisons de retraite à bannir ou au contraire à privilégier !