Ça y est ! La présentation de la réforme des retraites par Elisabeth Borne s’est tenue aujourd’hui. Voici ce qu’il faut retenir du projet de loi qui sera présenté le 23 janvier 2023 en Conseil des ministres puis début février devant le Parlement. L’entrée en vigueur est fixée au 1ᵉʳ septembre 2023.
Cette réforme des retraites était attendue pour connaître la vision du gouvernement sur notre régime des retraites. Pour l’occasion, la Première Ministre était accompagnée de Bruno Le Maire (ministre de l’Économie…) et Olivier Dussopt (ministre du Travail…). Le message est clair, économiser et rendre le système plus équitable ! En effet, les prévisions annoncées par Bruno Le Maire sont sans ambiguïté. En 2030, le déficit du régime des retraites s’élèvera à 13,5 milliards d’euros selon le ministre de l’Économie. Pour arriver à l’équilibre, il y avait deux solutions, allonger la durée du travail ou augmenter de 1 point les cotisations retraites. Ce qui représentait 440 € par an de perte pour les cotisants. Cette voie n’a pas été retenue ! La durée de cotisation à 64 ans en 2030 est la solution préconisée par l’exécutif qui indique encore quelques possibilités de négociation. À voir !
Réforme des retraites plus juste ?
Voici l’âge de votre départ à la retraite pour les longues carrières selon votre entrée dans le monde du travail (en ayant cotisé sans interruption) :
Début de carrière à 14 ans > départ à 58 ans
15 ans > 59 ans
16 ans > 60 ans
17 ans > 61 ans
18 et 19 ans > 62 ans
À partir de 20 ans, le départ en retraite se fera à l’âge légal.
Pour les travailleurs fragiles ou exposés, voici ce qu’il faut retenir :
• Assuré en invalidité ou inaptitude, maintien du départ à taux plein à 62 ans
• Travailleurs en situation de handicap, maintien du départ à compter de 55 ans
• Travailleurs exposés à l’amiante, maintien du départ à compter de 50 ans
• Travailleurs exposés à la pénibilité, accès à la retraite pour incapacité permanente facilité 2 ans avant l’âge légal.
Augmentation pour 2 millions de petites retraites d’environ 100 euros pour arriver à 1 200 euros mensuels pour une carrière complète dès septembre 2023. Le montant sera indexé au smic pour garantir la stabilité du niveau de pension pour tous au moment du départ en retraite.
Les artisans et salariés qui ont leurs cotisations complètes et qui ont eu une carrière au smic toucheront 85 % du smic pour leur pension de retraite.
La prise en compte de trimestres pour les femmes qui sont restées au foyer pour élever leur enfant !
Suppression des principaux régimes spéciaux
Oui, mais seulement pour les nouveaux recrutés qui signeront leur contrat, une fois la réforme en vigueur. Le relèvement de l’âge légal et accélération du calendrier « Touraine » sera effectif pour l’ensemble des assurés des régimes spéciaux. Il y aura bien sûr des exceptions comme pour les policiers, les militaires, les agents hospitaliers…
Prise en compte de « l’usure professionnelle »
Dans le cadre de la prévention et de la réparation de l’usure professionnelle, plusieurs points sont à noter :
• Suivi médical renforcé
• Des possibilités de départ anticipé
• Création d’un fond pour la prévention doté de 1 milliard d’euros
• Amélioration du compte professionnel de prévention (C2P) et la facilitation des reconversions professionnelles pour s’ouvrir une 2e carrière moins pénible.
Dans ce cadre, il faut noter l’abaissement des seuils de travail de nuit et en équipes successives alternantes. Congé de reconversion professionnelle et déplafonnement du C2P et prise en compte de l’exposition à plusieurs risques.
Le point de l’usure professionnelle ou pénibilité sera certainement précisé lors de la présentation du projet de loi !
Pour les seniors
La France est le mauvais élève des pays européens pour le taux d’emploi des seniors avec 56 % d’actifs chez les plus de 55 ans. Pour lutter contre cette discrimination des seniors, l’état a prévu de publier un index pour valoriser les bonnes pratiques des entreprises ou au contraire dénoncer les mauvaises. Cela entrera en action dès septembre 2023 pour les entreprises de plus de 1000 salariés et en 2024 pour les entreprises de plus de 300 salariés. Je doute que cela suffise pour endiguer cette politique entrepreunariale de certaines sociétés. Toutefois, saluons la possibilité de mi-temps deux ans avant la retraite sans perte de salaire. Cette mesure pleine de bon sens permettrait, en effet, à un jeune entrant sur le marché du travail d’être accompagné d’un « mentor » expérimenté. Les possibilités et les valeurs de transmissions passent encore souvent à la trappe avec une sortie anticipée de l’entreprise.
Même si le gouvernement se dit « prêt à faire évoluer la réforme » nul doute que les prochaines semaines vont être décisives. Les syndicats sont pour une fois unis contre cette réforme. Est-ce que cette loi peut provoquer une étincelle dans le mécontentement ambiant ? Nul ne le sait, mais le gouvernement essaie d’être le plus pédagogue possible et laisse une porte ouverte à la discussion. Et vous, que pensez-vous de cette réforme des retraites ?