Pour cause de Covid-19 ou pas, la perte de l’odorat est un vrai souci qui nuit à la qualité de vie au quotidien. On parle de plus en plus du training olfactif pour retrouver ce sens essentiel. Est-ce vraiment efficace pour retrouver l’odorat ?
SANS ODEUR, PAS DE SAVEUR
L’odorat est sans doute le sens le plus oublié. Pourtant, sans odeur, il n’y a plus de saveur, plus de goût. 57% des anosmiques déclarent avoir perdu l’envie de manger, un véritable cauchemar dans une société où la gastronomie et les repas sont particulièrement valorisés. La perte de l’odorat entraîne également la disparition de repères affectifs comme l’odeur des lieux qui nous sont chers, les odeurs évocatrices des souvenirs, ou l’odeur de ses proches. Le moral des personnes touchées s’en trouve significativement impacté.
L’ALTÉRATION DE L’ODORAT
Parfois, un trouble grave comme une tumeur peut provoquer l’altération voire la perte de l’odorat. Mais c’est aussi vrai de certains virus comme la Covid-19. L’odorat peut être également altéré par des modifications nasales, des nerfs olfactifs qui transmettent les informations des fosses nasales au cerveau, ou au niveau de ce dernier. Par exemple, si les fosses nasales sont obstruées par un rhume ordinaire, la sensibilité olfactive peut diminuer, car les odeurs n’atteignent pas les récepteurs de l’odorat.
HYPEROSMIE, ANOSMIE OU DYSNOMIE
L’hypersensibilité olfactive (hyperosmie) est beaucoup moins fréquente que l’anosmie. Les femmes enceintes deviennent fréquemment hypersensibles aux odeurs. L’hyperosmie peut également être psychosomatique. Autrement dit, les personnes souffrant d’hyperosmie psychosomatique ne présentent aucun trouble physique apparent. Certains troubles peuvent aussi fausser le sens de l’odorat, ce qui rend les odeurs inoffensives soudainement désagréables (dysosmie), notamment : infection des sinus, dommages partiels aux nerfs olfactifs, mauvaise hygiène bucco-dentaire, infection buccale, dépression, hépatite virale…
LA POLYPOSE NASALE MÉCONNUE
La polypose naso-sinusienne (couramment appelée polypose nasale ou PNS) est la forme la plus fréquente de rhinosinusite chronique. Elle toucherait environ 1 million de personnes en France, soit 2,1% de la population. De cause inconnue bien qu’associée à une inflammation de type 2 chez 80% des patients, la maladie débute souvent avant 30 ans et est généralement diagnostiquée par un ORL entre 40-50 ans. Dans les formes sévères, les polypes obstruent les sinus et les cavités nasales de manière permanente et parfois complète, jusqu’à empêcher la respiration nasale. Les patients peuvent avoir une rhinorrhée continue (« nez qui coule »), souffrir de vives douleurs récurrentes du visage qui peuvent durer plusieurs heures, et présenter un risque de surinfection.
UNE PRISE EN CHARGE COMPLIQUÉE
Si les patients atteint de PNS sont principalement suivis par un médecin généraliste (39%), seulement 36% le sont par un ORL, qui est pourtant le spécialiste de cette maladie. De plus, près d’1 malade sur 5 (19%), n’est pas suivi par un professionnel de santé. Il est donc important de sensibiliser les malades et de les aiguiller vers le bon spécialiste afin qu’ils bénéficient de soins adéquats.
DES TRAITEMENTS AUX RÉSULTATS DIVERS
Face à ces symptômes, difficilement supportables au quotidien, 97% des personnes diagnostiquées déclarent utiliser au moins une méthode ou produit pour soulager leur PNS. Ils sont ainsi, 86% à utiliser de l’eau de mer en spray ou un sérum physiologique, 62% des huiles essentielles et 39% à suivre un régime pauvre en sulfite. Un patient sur deux a eu recours à la chirurgie, et une personne sur 3 à l’hypnose. Par ailleurs, 58% des patients atteints de polypose ont recours à des cures de corticoïdes oraux. Cette corticothérapie systémique, si elle est efficace, doit être limitée en raison du risque de complications associé à un usage excessif. Avec les traitements actuels, le soulagement des symptômes reste souvent partiel ou transitoire.
UNE NOUVELLE VOIE D’AVENIR
La Covid-19 provoque dans 30 à 85% des cas symptomatiques une baisse partielle de l’odorat (hypo-osmie) voire une anosmie (absence d’odorat). Ce symptôme dure en général une dizaine de jours mais dans 10 à 15% des cas, il peut durer plusieurs mois. La rééducation olfactive peut vous aider. Le Pr Denis, médecin au Mans et la société spécialisée en e-santé Kelindi ont lancé une application gratuite baptisée Covidanosmie qui aide à retrouver l’odorat après une contamination au Covid-19. Le protocole prévoit d’inhaler des huiles essentielles hautement concentrées (clou de girofle, eucalyptus, citron et géranium rosae) deux fois par jour, à l’aveugle pour stimuler les capteurs olfactifs abîmés par le coronavirus et retrouver ainsi des sensations. L’objectif de l’application est d’accélérer la récupération olfactive par un coaching et un suivi personnalisé du trouble de l’odorat. Elle n’est pas indiquée pour les troubles du goût, sans troubles de l’odorat. Les résultats sont prometteurs sur un certain nombre de patients. Ça vaut donc vraiment le coup d’essayer !
Plus d’infos sur covidanosmie.fr