Plus de 60% des cadres pensent qu’ils devront travailler après 65 ans. Cependant, ils envisagent ce moment avec beaucoup d’appréhension : travailler certes, mais y aura-t-il un job pour eux ? D’où cette forte proportion de Français qui décident de créer leur entreprise après 50 ans. Enquête auprès de celles qui ont franchi le pas avec brio !
CRÉER UNE MICRO-ENTREPRISE
Les plus de 50 ans et les seniors en général sont motivés par l’envie de rester actifs et/ou de compléter leur pension retraite parfois trop basse. Les auto-entrepreneurs de plus de 50 ans disposent de droits de la part de l’État pour créer une micro-entreprise. En effet, se lancer dans un projet indépendant à la fin de sa carrière professionnelle demande du courage et de la motivation. L’aide dédiée aux plus de 50 ans permet entre autres de se lancer plus facilement dans une nouvelle carrière indépendante. Découvrez ici les aides adaptées pour créer sa micro-entreprise après 50 ans.
L’ARE POUR LES +53 ANS AU CHÔMAGE
L’ARE, Allocation de Retour à l’Emploi, est une aide non négligeable qui permet d’indemniser les demandeurs d’emploi de 53 ans et plus, dès lors qu’ils subissent une rupture de contrat. Habituellement, la durée d’indemnisation maximale est de 24 mois quand il s’agit de l’aide de base. Si vous êtes âgé de 53 ou 54 ans à la fin de votre contrat, vous pourrez bénéficier d’une indemnisation de maximum 30 mois. Par ailleurs, si votre contrat de travail a été rompu alors que vous avez déjà 55 ans ou plus, vous profitez alors d’une indemnisation de 36 mois au maximum.
L’ARE POUR LES AUTO-ENTREPRENEURS
Si vous décidez d’opter pour le maintien de l’ARE et si vos droits l’autorisent, vous pourrez toujours créer votre micro-entreprise en étant encore indemnisé. Si vous gagnez un revenu par le biais de votre nouvelle activité indépendante, les jours qui ne sont pas indemnisés sont repoussés, tout comme la date de la fin de votre indemnisation. Si vous êtes auto-entrepreneur et âgé de 50 ans et plus, retenez que le nombre de jours calculé par le Pôle Emploi est minoré de 20 %.
JUSQU’À LA RETRAITE À TAUX PLEIN
Il faut tout d’abord réunir plusieurs conditions pour prétendre au maintien de l’Allocation du Retour à l’Emploi jusqu’à une retraite à taux plein. Bien entendu, il ne faut pas être en capacité de prétendre à une retraite à taux plein. De plus, il faut être âgé de minimum 61 ans et être en cours d’indemnisation depuis 12 mois au moins, justifier de 100 trimestres pour la retraite, avoir été affilié à l’assurance chômage durant 12 années et avoir été affilié au moins une année à l’assurance chômage en continu ou 2 années discontinues durant les 5 années précédentes.
Si vous avez déjà atteint l’âge légal de la retraite, vous ne pourrez pas bénéficier de l’Aide de Retour à l’Emploi à moins de ne pas avoir encore validé l’ensemble de vos trimestres pour une retraite à taux plein.
UNE ASSURANCE PRÊT BANCAIRE
Certains futurs auto-entrepreneurs âgés de plus de 50 ans décident de se lancer dans un nouveau projet à la suite d’un grave problème de santé. De ce fait, s’ils décident d’effectuer un prêt bancaire, ils risquent de se le voir refusé par les banques. C’est pourquoi la convention AREAS (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) leur donne accès à une assurance prêt pour la création d’une entreprise. Ce coup de pouce permet entre autres de se donner facilement une deuxième chance dans la réussite d’un nouveau projet professionnel.
L’APPEL DE LA CRÉATION APRÈS 50 ANS
C’est le cas de Fabienne qui travaille dans la logistique, et passe beaucoup de temps sur les écrans, dans les papiers, tout comme son mari d’ailleurs. Elle voudrait faire quelque chose de ses mains, mais il faut aussi gagner sa vie. Son mari est à peu près dans le même état d’esprit, ils habitent la Drôme à Grane. Une famille comme les autres avec deux enfants.
C’est décidé, ils cherchent à créer leur propre activité ensemble. Mais que faire ? C’est une vieille photo qui va décider du tournant de leur vie. L’ancien hôtel restaurant de la mère de Fabienne sur laquelle tous les serveurs portent le nœud pap les inspirent. Les voici partis sur ce projet un peu fou de créer des nœuds-papillons, eux qui ne savent même pas coudre.
Peu importe, ils prennent des cours, créent des modèles, s’entraînent, sélectionnent des tissus français, élaborent les fiches produits et lancent leur site de e-commerce. L’aide de la famille a été précieuse pour gérer l’aspect internet et la création d’effetnoeudpap.com. 300 modèles ont été développés, le sur-mesure est proposé, des commandes qui arrivent de toute la France et des pays francophones.
L’âge de la retraite officielle arrive, mais le couple n’envisage pas le moins du monde de cesser son activité, bien au contraire !
LANCER SA MARQUE DE MODE
C’est aussi le cas d’Emmanuelle Fylla Saint Eudes, la fondatrice de la marque de mode Efyse (efyse.com). Mais racontons d’abord son parcours.
Aussitôt après ses études d’économie, cette amoureuse de la mode s’est une première fois jetée à l’eau pour créer sa première marque de vêtements chics et élégants avec la complicité d’un styliste. Elle travaille ainsi durant 15 ans dans le prêt-à-porter, à Paris, en tant que fabricante.
Son entreprise, très active, fabrique surtout des robes et des tailleurs moyen & haut de gamme. Emmanuelle collabore au style, à la recherche des tissus, et à la commercialisation auprès de détaillants multi-marques qui étaient nombreux à l’époque, en France et dans tous les pays du monde. Son groupe participe d’ailleurs à de nombreux salons de prêt-à-porter internationaux.
A la naissance de son deuxième enfant, Emmanuelle réalise une première reconversion professionnelle. Elle se lance activement dans l’immobilier commercial. Son métier : rechercher des boutiques, notamment pour des enseignes de prêt-à-porter.
Les seniors sont de plus en plus nombreux à se lancer dans un projet indépendant. Aujourd’hui en France, on ne compte pas moins de 12 % des auto-entrepreneurs qui ont plus de 60 ans.
SE RECONVERTIR DANS SA PASSION
Quand, à 55 ans, elle a décidé de voler de ses propres ailes et de créer sa propre marque de prêt-à-porter, son projet pouvait sembler un peu fou. Pourtant, elle n’a pas écouté les petites voix qui lui conseillaient de renoncer… Bien au contraire, Emmanuelle a décidé de s’affranchir de tous les codes et de jouer les avant-gardistes.
Son âge et sa féminité sont devenus sa force : elle a l’expérience et l’intuition pour imaginer des modèles raffinés et stylés, essentiellement Made in France. Efyse incarne ainsi la mode élégante et chic à porter au bureau, en télétravail ou pour un rendez-vous d’affaires. Un concept qui séduit de plus en plus de femmes : malgré la crise, la jeune marque fêtera en novembre sa troisième année d’existence.
Et la créatrice l’affirme : « A aucun moment je n’ai envisagé mon âge comme un obstacle à la concrétisation de mon entreprise. Dès le départ, je suis partie avec l’objectif de donner vie à mon projet. » Et d’ajouter, fière d’elle-même : « Aujourd’hui, je sais que j’ai eu raison de croire en moi ! Malgré la crise, Efyse continue de se développer : nous avons déjà pu ouvrir un pop-up store à Paris, à Saint-Germain-des-Prés et nous comptons désormais exporter notre concept dans d’autres grandes villes de la mode, comme New York et Londres ».
Autre exemple de belle réussite avec Sylvina Pipa, à la tête de Wellbuy, un cabinet de conseil spécialisé en achats, créé en 2015. La première étape de vie s’est déroulée après ses études initiales à la Banque Française du Commerce Extérieur où elle était en charge des opérations de contrôle et de suivis sur les positions et opérations de change à la direction des Marchés.
Evoluant vers l’Audit et la Qualité, la jeune cadre découvre alors le métier des Achats lors de la refonte de l’outil de gestion des dérogations tarifaires clients. Après 9 années, elle décide alors de quitter la Banque et de reprendre les études en obtenant un Mastère spécialisé Gestion des Achats internationaux à l’ESSEC business school en 2001.
Elle intègre alors La Mutuelle Générale pour créer la fonction achats. Désireuse de se parfaire en anglais, Sylvina part pour Londres pendant 9 mois. Revenue à Paris, elle prend la responsabilité des Achats et de l’Immobilier d’une mutuelle à taille humaine. 3 années après, à l’aube de ses 45 ans, Sylvina a enfin l’occasion de réaliser un rêve : celui de créer son entreprise. En 2015, Wellbuy est né.
NE PAS HÉSITER À SE FAIRE AIDER
La dirigeante de Wellbuy explique : « Un chasseur de têtes m’a dit : « A 45 ans, on peut encore trouver un job, mais après 50 ans, c’est compliqué. » Je me suis donc dit que c’était le moment de créer ma société. Je voulais faire des achats. J’ai développé cela pour les entreprises puis les collectivités territoriales. J’apporte à mes clients du public mes techniques privées, j’aime cette idée de passerelle. Cela n’a pas été évident de me vendre, de parler de moi. Il parait que les femmes ont ce « syndrome de l’imposteur », qu’elles doutent davantage de leurs capacités. Alors qu’il faut devenir son propre commercial, et ça, c’est un métier ! Mais je n’ai pas eu de problèmes liés au fait d’être une femme. La création d’entreprise est difficile, donc il ne faut pas rester dans son coin. Je me suis tournée vers trois réseaux, qui ont été complémentaires : Initiatives, BGE, et Force Femmes. J’insiste sur le fait d’être forte. Il est essentiel d’être bien soi-même. Car on a beau être soutenue, on est seule face à soi-même, et on n’imagine pas à quel point… »
Seulement 35 % des femmes et 17 % des seniors osent lancer et diriger une entreprise. En 2018, plus de 66 000 Français de plus de 50 ans ont créé une entreprise individuelle (EI) soit 17 % du total des créations en EI, selon l’Insee. Et depuis la crise sanitaire et les confinements, le chiffre explose !
QUINQUAPRENEURE ET FIÈRE DE L’ÊTRE
Nathalie Baudry appartient elle aussi à cette catégorie des « quinqua-preneurs ». A cinquante-trois ans, elle a créé son cabinet de conseil spécialisé dans la conformité bancaire, ComplHigher, après une carrière de salariée de plus de trente ans d’expérience dans les Services Juridiques et Directions de la Conformité en secteur bancaire et financier, dont plus de quinze ans dans le domaine de la gestion d’actifs.
De son parcours au cœur des problématiques réglementaires de grands groupes bancaires et financiers internationaux, elle a acquis une connaissance approfondie des enjeux de la conformité, ainsi que des méthodes et approches les plus efficaces pour y répondre. Riche de cette expertise, elle crée donc sa société en 2017.
AVOIR LE SOUTIEN DE SES PROCHES
La dirigeante explique : « J‘avais besoin d’indépendance, d’autonomie, de reconnaissance et j’avais toujours voulu entreprendre. Cependant, je gagnais très bien ma vie et j’étais habituée à un certain niveau de vie. Quand on se lance, c’est difficile de prendre un tel risque. Si je n’avais pas été allocataire à Pôle emploi, je n’y serais pas allée. Je me suis posée beaucoup de questions mais mon mari m’a poussée à me lancer et c’est ce que j’ai fait ».
Encore un exemple qui démontre combien le soutien de sa famille et de ses proches est essentiel quand on décide de changer de vie, de se reconvertir, de se mettre à son compte, de créer ou de reprendre une entreprise.
Et c’est encore plus vrai quand on est une femme de plus de 50 ans, car on continue à avoir en parallèle sa vie d’épouse, de mère de famille à la tête d’un foyer, et très souvent, on doit aussi gérer ses propres parents qui prennent de l’âge et deviennent parfois plus dépendants. I.N.