Le célèbre hypnothérapeute a déjà conquis des dizaines de milliers de Français avec ses séances gratuites d’hypnose sur sa chaîne YouTube. Parce que nous sommes de plus en plus nombreux à être stressés et à connaître des insomnies régulières, Benjamin Lubszynski apprend à notre cerveau à se reconditionner pour trouver le chemin du calme grâce à l’hypnose. Entretien pour comprendre et se familiariser avec sa méthode très efficace.
Vos séances d’hypnose bénéficient de plus d’un million de vues par mois. Comment analysez-vous un tel succès ?
Benjamin Lubszynski : Je pense que le monde de la psy a plusieurs défauts qu’il faudrait bien évidemment corriger. Le premier, c’est qu’il est nébuleux. C’est difficile d’avoir des informations sur les problèmes courants qu’on peut avoir dans sa vie, et difficile de savoir vers quelles thérapies aller. Il y a des informations sur internet mais il y en a beaucoup et elles sont mal organisées. Ma chaîne YouTube a servi dans un premier temps à expliquer, pour les problèmes courants, comment marchent les thérapies brèves et comment on peut les utiliser à bon escient, une sorte de b.a.-ba de vulgarisation. Il y avait un vrai besoin des gens auquel j’ai souhaité répondre et qui n’avait pas d’équivalent sur le net. Ce qui a aussi fait la différence, c’est qu’avec l’hypnose, quelqu’un qui est très intelligent et même très en contrôle, arrive à lâcher prise, à arrêter de penser, dans un état de relaxation profond qui n’est pas un état de sommeil, mais très proche de ce qu’il faut pour s’endormir. N’étant pas médecin, mon rôle n’est pas de traiter sur le fond l’insomnie, mais de proposer d’utiliser mes séances d’hypnose comme un outil pour s’endormir. Ça ne demande aucun effort, ça se fait tout seul, c’est la particularité de l’hypnose, ça vous donne l’assurance de vous endormir. C’est évidemment parce que ça marche que ma chaîne a du succès.
Surtout que vos séances ne concernent pas que les insomnies ?
B.L. : En effet, j’ai ensuite mis en ligne d’autres séances sur d’autres thématiques pour apporter à chaque utilisateur des bienfaits et des résultats immédiats : contre le stress, les ruminations, les douleurs, etc. Ce sont toutes des utilisations très concrètes qui fonctionnent comme des autothérapies. Les gens jusqu’à présent n’avaient pas forcément accès à ce type de méthode et d’approche. Ce que j’ai essayé de faire, c’est de prendre ce qui est le plus efficace et de l’organiser pour que ce soit encore plus simple, pragmatique et mis à disposition de tous, gratuitement.
« Si j’ai choisi d’écrire d’abord sur le sommeil, puis sur le stress, c’est parce que ce sont les deux problématiques qui affectent le plus de personnes aujourd’hui. Je savais que je pourrais être utile à un très grand nombre de gens. »
Vous expliquez dans vos deux livres que notre cerveau doit vraiment réapprendre à dormir ou à être zen. C’est cela l’intérêt de vos ouvrages, pouvoir bénéficier d’un programme d’accompagnement ?
B.L. : Quelqu’un qui pratiquera tous les soirs mes séances d’hypnose, arrivera à s’endormir tout seul à un moment, sans l’aide de l’hypnose, mais ça demandera un peu de temps et ça ne corrigera pas forcément la fragilité en amont, notamment l’anxiété qui est la première cause d’insomnie. C’est là qu’il devient intéressant d’avoir une méthode, une forme d’autothérapie, pour reconstruire et réparer brique après brique les choses qui se sont déréglées. Ça veut dire apprendre à être calme et détendu dans son corps, à arrêter de penser, à lâcher prise de plus en plus et à avoir un rituel d’endormissement très simple, pour réussir à s’endormir. Donc le but, c’est d’avoir à sa portée et sous la main grâce à mes deux livres un programme cohérent et surtout efficace. Si j’ai choisi d’écrire d’abord sur le sommeil, puis sur le stress, c’est parce que ce sont les deux problématiques qui affectent le plus de personnes aujourd’hui. Je savais que je pourrais être utile à un très grand nombre de gens.
Benjamin Lubszynski est praticien en psychothérapies brèves, hypnothérapeute, coach dans son propre cabinet créé en 2004 et auteur de livres. Par téléconsultation, il propose également aux adultes des psychothérapies brèves (mêlant TCC, hypnose clinique, PNL, systémique…). Il est aujourd’hui connu pour sa chaîne YouTube d’hypnose aux 45 millions de vues, qui arrive à faire dormir plus de 340 000 abonnés par mois. Il anime également le podcast « Inspirations » pour Le Figaro. Sur son site psy-coach.fr, vous trouverez de nombreuses séances gratuites d’hypnose, dont celles enregistrées avec le Figaro Live, où il anime également une émission passionnante avec des invités variés.
En raison de la crise sanitaire et de ses conséquences sur la charge mentale, on sent une demande de plus en plus forte pour des thérapies. Est-ce aussi votre sentiment ?
B.L. : Ce qui s’est passé avec le Covid est très lisible, car les études montrent clairement les effets psychologiques de l’épidémie en à peine quinze jours (mais à plus long terme aussi) sur les populations en matière de stress, d’insomnies, de TOC, de dépressions et de crises d’angoisse. Mais il y a eu une prise de conscience générale très tardive de l’effet psychologique, puisqu’il fallait déjà avant toute chose faire face au virus et à la prise en charge des malades. Il y a eu en effet une forte croissance des demandes de rendez-vous auprès des psys, avec déjà l’année dernière, plus de six mois d’attente avant d’obtenir une consultation. Sur ma chaîne, je l’ai ressenti aussi, car j’ai eu pendant les confinements 200 000 vues supplémentaires par mois. Mais il faut bien distinguer deux choses, il y a d’un côté le stress lié à la pandémie et à toutes ses conséquences économiques, sociales, psychologiques et, de l’autre, une demande plus spécifique de thérapies brèves pour résoudre différents types de problèmes rapidement et efficacement. Je pense qu’en ce qui concerne l’hypnose, ma chaîne a participé à vulgariser, à rendre visible et à démocratiser ce type de thérapie brève. Donc, il y a le conjoncturel, mais aussi le structurel. On s’éloigne d’une appétence pour la psychanalyse pour se rapprocher de plus en plus des thérapies brèves, des thérapies comportementales et de la méditation.
Quels bénéfices peut nous apporter l’hypnose par rapport à une pratique régulière de la méditation ?
B.L. : La méditation est un état similaire à l’état hypnotique, sauf qu’avec la méditation, on reste dans un entre-deux, c’est-à-dire qu’on reste présent au monde, présent à soi et on ne va pas plus loin. C’est un effort qu’on doit faire soi-même, c’est un entraînement. Apprendre à se centrer, à accepter ses pensées et ses douleurs… et ça ne se fait pas rapidement. Dans l’hypnose, on vous accompagne et les choses se font à un niveau inconscient. On n’a absolument aucun effort à faire, on arrive tout de suite à un état de transe profond, qui est extrêmement confortable. La 2e différence, c’est qu’on utilise cet état pour induire des changements. On a accès avec l’hypnose à des potentiels inconscients, très difficiles à atteindre avec la méditation. Le rôle de l’hypnothérapeute est essentiel, sa technique d’abord, mais aussi et surtout sa narration. Il doit être un conteur. Incarner la douceur et l’émotion va avoir plus de prise et donc fonctionner.
Les séances d’hypnose fonctionnent-elles à tout âge et notamment sur les enfants ?
B.L. : Dès qu’un enfant est capable de comprendre et d’écouter des histoires, il peut faire des séances d’hypnose. Néanmoins, il faut dire aux parents qu’il est important de vérifier le contenu d’abord, afin qu’il soit bien entendu adapté aux enfants. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai mis en ligne une série de séances d’hypnose autour de Disney (Peter Pan, Merlin l’enchanteur, La Belle au Bois Dormant…). Ça peut lui faire énormément de bien, l’aider aussi par exemple à calmer ses angoisses nocturnes, ses douleurs ou ses nausées, quand il est malade. Ça marche très bien, ça va lui permettre de s’endormir. Pour l’enfant, c’est ludique, ce n’est pas quelque chose de barbant, c’est même plutôt amusant. Parce que c’est un peu comme lui lire une histoire, sauf qu’en plus, on fait rentrer l’enfant dedans, il en devient l’acteur sans aucun effort.
Quels autres problèmes, pathologies ou addictions peuvent-ils également être traités par l’hypnose ?
B.L. : Le problème avec une dépendance ou une addiction, c’est que si on ne résout pas les bénéfices secondaires qu’apportent l’addiction en question par une solution, la personne va très rapidement se reporter sur une autre addiction. Prenez par exemple les personnes qui essayent d’arrêter de fumer et qui compensent en mangeant plus, sachant qu’en plus elles n’ont plus l’effet légèrement coupe-faim du tabac. Les séances d’hypnose pour arrêter de fumer auront d’excellents résultats si la personne est d’une part vraiment motivée et d’autre part si elle fait tout un travail, notamment sur le stress, pour trouver des solutions aux bénéfices secondaires que lui apportait la cigarette. Pareil pour les addictions alimentaires, où il faut travailler en amont sur l’anxiété, sinon les résultats ne seront pas durables. De façon plus générale, en dehors du stress et du sommeil dont nous avons déjà parlé, l’hypnose donne d’excellents résultats sur les douleurs, les difficultés de concentration, les soucis de mémoire et comme vous le savez, elle est aujourd’hui très utilisée en bloc opératoire dans les hôpitaux et cliniques par les anesthésistes notamment.
« L’hypnose, c’est un accompagnement dans un état qui est extrêmement relaxant, dans lequel on se sent vraiment bien et qui permet d’avoir accès à ses ressources intérieures.
Même si on parle de plus en plus d’hypnose, il y a encore des gens qui en ont peur, notamment de perdre le contrôle. Que leur répondre pour les rassurer ?
B.L. : Déjà qu’il ne faut pas confondre le travail de l’hypnothérapeute avec l’hypnose de cabaret que l’on voit à la télévision, même s’il n’y a jamais de prise de contrôle. Sur scène ou sur le petit écran, c’est du show avec des personnes dans le public très influençables qui ont envie de participer à ce qui est avant tout un spectacle. Chez un hypnothérapeute, l’hypnose c’est un accompagnement dans un état qui est extrêmement relaxant, dans lequel on se sent vraiment bien et qui permet d’avoir accès à ses ressources intérieures. C’est-à-dire de faire des changements inconscients beaucoup plus facilement, mais uniquement ceux que l’on souhaite. L’hypnose, c’est un état naturel. Plus on pratique, plus on apprend à entrer profondément en transe. Il n’y a donc pas de raison d’avoir peur de l’hypnose comme il n’y en a pas d’avoir peur de la méditation, des disciplines presque siamoises avec lesquelles on ne perd jamais le contrôle, à aucun moment. Aucun hypnothérapeute ne pourra jamais vous faire faire quelque chose que vous ne voulez pas !
La plupart des personnes qui testent et pratiquent vos séances d’hypnose s’endorment avant la fin. Qu’est-ce qui se passe alors ?
B.L. : C’est une question qui m’est posée très souvent, car plus l’état hypnotique est profond, plus il donne l’impression que l’on est endormi. Et pourtant, on n’est pas endormi, on est juste dans une transe profonde. On réagit aux invitations faites par le thérapeute et c’est intégré inconsciemment. C’est cet état qui vous permet de vous endormir ensuite naturellement dans un état de calme où vous vous sentez merveilleusement bien. Mes hypnoses sur le sommeil sont conçues pour qu’à un moment de la séance, le contenu hypnotique se réduise pour vous faire passer directement d’un état hypnotique à un état de sommeil. Ça marche tellement bien en effet que la plupart des personnes n’arrivent jamais à les écouter jusqu’à la fin ! (rires)
Quel est votre avis sur l’autohypnose ?
B.L. : Il faut d’abord poser une définition claire. Pour moi, l’autohypnose, c’est quand on fait de l’hypnose sans aucun moyen extérieur. Si vous avez un enregistrement audio, ce n’est pas de l’autohypnose, c’est de l’hypnose. L’autohypnose, c’est donc quand on arrive à se mettre dans un état hypnotique soi-même, tout seul, en utilisant des protocoles qu’on a appris. Pour moi, c’est très intéressant quand ça devient un outil immédiat, par exemple pour cesser ses ruminations. Ça permet alors de se calmer rapidement, d’arrêter de penser, de moins souffrir ou de mieux se concentrer, etc. Si c’est dans cette visée-là, et qu’on pratique une dizaine de fois par jour, c’est très utile, car ça va entraîner une forme de lâcher prise et une baisse de stress globale très intéressante. En fait, l’autohypnose est un super raccourci vers la méditation. Après s’être mis dans un état de transe profond, on peut en ressortir très légèrement pour se mettre dans un état méditatif. L’avantage, c’est qu’on enlève toute la phase pénible d’apprentissage pour parvenir à cet état-là. Pour moi, quand on combine les deux, ça permet d’avoir les bénéfices et le meilleur des deux mondes.
« Soyez exigeants avec les thérapeutes, ce n’est pas parce que c’est de la thérapie qu’on ne peut pas avoir des résultats rapidement. »
Quel message essentiel de cet entretien et de votre dernier livre aimeriez-vous que les lecteurs retiennent ?
B.L. : Je dirais simplement qu’il faut être exigeant. Quand on va voir un médecin, un garagiste ou n’importe quel professionnel, on demande des résultats rapidement et patents. On devrait avoir exactement la même attitude vis-à-vis d’un psy, en lui demandant : Comment allez-vous m’aider ? Combien de temps ça va prendre ? Que pensez-vous de la situation ? Plus il y aura de gens et de patients qui seront exigeants, plus le métier sera obligé de s’organiser et de se professionnaliser. Les bons outils existent, mais il faut s’assurer qu’ils sont utilisés par des thérapeutes sérieux et faire le choix en toute connaissance de cause, en se renseignant, en lisant les commentaires et avis, en testant différentes approches pour continuer sur la voie qui leur convient le mieux et qui répond concrètement à leur problématique du moment. Et puis, vu que les téléconsultations se sont généralisées, il ne faut plus se contenter d’un psy ou d’un thérapeute qui ne nous donne pas satisfaction au seul prétexte qu’il n’est pas loin de chez soi. Soyez exigeants avec les thérapeutes, ce n’est pas parce que c’est de la thérapie qu’on ne peut pas avoir des résultats rapidement.
Propos recueillis par Valérie Loctin.
Plus d’infos & séances gratuites d’hypnose sur son site : psy-coach.fr