La prise en charge d’une personne âgée concerne 4,3 millions d’aidants familiaux en France. Des proches qui ont la vie dure et qui mériteraient de disposer d’un véritable statut tant leur rôle est essentiel et leur quotidien éprouvant.
UNE MISSION ESSENTIELLE
Les aidants sont définis comme les personnes qui aident un proche, à titre non professionnel et de façon régulière, pour des raisons de santé ou de handicap. Ils jouent un rôle essentiel et de plus en plus reconnu dans le soutien à l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées. En France, plus largement, huit millions de personnes aident financièrement et moralement des proches atteints de maladie et dépendants ou s’occupent d’eux.
UN RÔLE COMPLEXE ET ÉPUISANT
Ce rôle d’aidant est une responsabilité qui incombe principalement aux jeunes seniors (50-65 ans). 70% d’entre eux se disent concernés. Une proportion amenée à croître avec l’augmentation de l’espérance de vie. Le rapport Libault sur la dépendance a été remis à Agnès Buzyn, ministre de la Santé. Dans ce contexte, le gouvernement a promis une loi dépendance pour l’automne 2019. Le sujet des aidants a été abordé dans le rapport. Et pour cause. La plupart des aidants sont des femmes, 76 % ont moins de 65 ans et 43 % moins de 50 ans. Plus de la moitié d’entre eux travaillent encore et leur santé est mise à mal. Les trois quarts d’entre eux déclarent être épuisés par leur rôle d’aidant.
LA SITUATION AUJOURD’HUI
Le soutien des aidants familiaux est une priorité pour les pouvoirs publics qui ont mis en place des mesures visant à assurer la conciliation de leur vie professionnelle avec leur rôle d’aidant – par des congés familiaux -, la reconnaissance et la valorisation financière de leur implication à travers l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH), la prestation de compensation du handicap (PCH) et l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), ainsi que leur soutien par le répit, l’accompagnement et la formation. Le soutien et le répit des aidants font en outre l’objet, et ce de manière croissante au fil des années, d’initiatives nombreuses de multiples acteurs, associations, collectivités locales, caisses de retraites de base et complémentaire, centre local d’information et de coordination (CLIC), consultations mémoire, fondations…
VERS UNE INDEMNISATION ?
Le rapport Libault propose des pistes en plus, notamment une indemnisation du congé de proche aidant à hauteur de 52 euros par jour et la négociation obligatoire dans les branches professionnelles pour mieux concilier sa vie professionnelle avec le rôle de proche aidant. Certes, on avance, car il y a déjà eu en 2017, la mise en place du congé – non rémunéré – pour les aidants (pris par seulement 2 % des aidants).
C’est le pourcentage de Français inquiets à l’idée de devenir aidant familial ! Pour une très grande majorité de Français, devenir aidant familial est une source d’inquiétude. Plus d’un Français sur 2 pense n’être « probablement » ou « certainement » pas capable de remplir une mission de ce type auprès d’un proche. Près de 9 Français sur 10 (88%) estiment même nécessaire la création d’un statut officiel pour les aidants familiaux… C’est ce que révèle un sondage réalisé par Adhap Services à l’occasion de la Journée nationale des Aidants qui s’est déroulée en octobre dernier.
POUR UN STATUT DE L’AIDANT
C’est loin d’être suffisant pour Claudie Kulak, fondatrice de la Compagnie des aidants et présidente du Collectif associatif « Je t’aide » : « Nous réclamons un vrai congé rémunéré à l’image du congé maternité ou paternité. Une indemnisation, ce nest pas suffisant ! Car avec un statut digne de ce nom, nous aurions des droits. A l’heure actuelle, on se repose complètement sur les épaules des aidants, des familles… », déplore Claudie Kulak. « Que deviendront, dans l’avenir, ces aidants qui ont dû faire des sacrifices, arrêter de travailler pour s’occuper d’un parent dépendant ? Nous réclamons un statut d’aidant, avec le droit à un congé rémunéré qui ouvrira des droits à la retraite », conclut-elle, déterminée.
UNE VÉRITABLE URGENCE SOCIÉTALE
Quand on sait que 31 % des aidants négligent leur propre santé et sont victimes de stress, de manque de sommeil, de douleurs physiques, il devient urgent de les prendre en considération, c’est d’ailleurs l’objet d’une proposition de loi présentée au Sénat visant à favoriser la reconnaissance des proches aidants. Apportant à leurs proches le soutien sans faille que commande la simple solidarité du foyer, la plupart des aidants ne demandent pas de statut, de revenu ou de droits. Seulement que la société reconnaisse que, même si elle leur est naturelle, leur action ne va pas sans sacrifices. Espérons que le gouvernement ira bien plus loin en leur accordant statut et indemnisation. V.D.