Avec 90 films qui ont totalisé 120 millions d’entrée, de nombreuses réalisations et plusieurs livres, dont un recueil de nouvelles en 2019, Josiane Balasko est à bientôt 70 ans, toujours aussi active. Dans le peloton de tête des actrices préférées des Français, elle n’a pas fini de nous étonner.
UNE ADOLESCENCE MEURTRIE
Josiane Balaskovic est née le 15 avril 1950 à Paris. Elle passe son enfance dans le bistrot de quartier de ses parents d’origine yougoslave. Son adolescence est marquée par le décès de son père alors qu’elle n’a que 14 ans. Ses parents étaient, explique-t-elle à notre confrère Psychologies « saturés de travail. (…) je n’ai pas eu la vision d’un couple paisible. (…) J’ai surtout été élevée par ma grand-mère parce que mes parents avaient trop de travail. » C’est d’ailleurs au moment du décès de son père que Josiane et son frère ont découvert qu’ils avaient un demi-frère, resté en Yougoslavie, le pays d’origine de ses parents. Un demi-frère beaucoup plus âgé qu’elle et qui sera, Selon ses mots, un « père de substitution.»
DES DÉBUTS EN BANDE
Attirée par une formation artistique, elle prend des cours de dessin, mais ne wse trouve pas assez douée, puis découvre le théâtre par l’intermédiaire d’une amie. Rapidement, elle décide de s’y consacrer et prend des cours d’art dramatique. En 1976, elle rejoint la troupe du Splendid et se lie d’amitié avec Michel Blanc, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Christian Clavier. Lorsqu’elle rejoint la joyeuse bande, Josiane vit déjà en couple avec un acteur, Bruno Moynot depuis deux ans. Celui-ci, aujourd’hui l’un des gérants du théâtre du Splendid, est bien connu pour son rôle notamment du très collant Zedko Preskovic, l’homme des « doubitchous » dans Le père Noël est une ordure. Le couple se sépare en 1981 au moment où la troupe accède à une célébrité nationale grâce au colossal succès des Bronzés au cinéma…
L’AVENTURE DU SPLENDID
Elle commence à écrire pour le café-théâtre et invente des petits sketchs. La troupe rencontre son premier succès en 1976 avec la pièce Amour, coquillages et crustacés. Deux ans plus tard, un producteur suggère d’adapter au cinéma ce succès, sous le titre des Bronzés avec Patrice Leconte à la réalisation. Le film sort en novembre 1978 et se hisse au sommet du box-office avec 2 millions et demi de spectateurs. La troupe récidive avec un deuxième volet : Les Bronzés font du ski en 1979. Sur les planches, le Splendid cumule les succès avec les pièces Le père noël est une ordure (1979) et Papy fait de la résistance (1980). Le père noël est une ordure est également porté sur grand écran en 1982. Tous ces succès confèrent aux membres de la troupe une notoriété certaine. Puis, petit à petit chacun va prendre son envol.
« Je dois mes meilleurs souvenirs avec la troupe du Splendid à nos séances d’écriture. On s’engueulait tous entre nous quand on n’était pas d’accord et on riait énormément. Surtout quand on faisait des blagues sur scène à Gérard Jugnot au vu et au su du public. Il détestait ça ! »
UNE CARRIÈRE EN SOLO
Dans les années 80, elle entame une carrière solo et va enchaîner les comédies dans lesquelles elle incarne souvent le rôle de la bonne copine : Les hommes préfèrent les grosses, La vengeance du serpent à plumes, Nuit d’ivresse…. En 1989, elle varie les registres et incarne un rôle à contre-emploi dans Trop belle pour toi face à Gérard Depardieu. Ce rôle lui vaut une nomination au César de la meilleure actrice. Elle tourne dans de nombreux films à succès (Grosse fatigue, Didier, Un crime au paradis, Absolument fabuleux…) et obtient deux autres nominations au César de la meilleure actrice pour Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes (1994) et Cette femme-là (2004).
L’ESPRIT DE TROUPE
En 2006, Josiane Balasko scelle ses retrouvailles avec l’équipe du Splendid pour tourner Les Bronzés 3 : Amis pour la vie. L’actrice ne cesse de multiplier les collaborations tout au long de sa filmographie ; Alexandra Leclère (Maman), Mona Achache (Les gazelles), Eric Lavaine (Retour chez ma mère), Lionel Steketee (Les nouvelles aventures de Cendrillon). En 2016, elle tourne sous la direction de sa fille Marilou Berry et lui donne la réplique dans Joséphine s’arrondit. En décembre 2017, elle est à l’affiche de Garde alternée avec Valérie Bonneton et Didier Bourdon, réalisée par Alexandra Leclère.
UNE RÉALISATRICE À SUCCÈS
Parallèlement, Josiane Balasko mène une carrière de réalisatrice depuis le milieu des années 80. Elle signe son premier film, une comédie noire, Sac de nœuds en 1985. En 1991, son troisième long-métrage Ma vie est un enfer dépasse le million d’entrées. En abordant le thème de l’homosexualité féminine, elle triomphe avec Gazon Maudit (1995) qui lui vaut de décrocher le César du meilleur scénario original. En 2004, elle écrit le scénario du film Cliente, l’histoire d’une quinquagénaire qui a recourt à des escort boys, mais ne trouve pas de financement. Elle décide alors d’en faire un roman qui rencontre un vif succès. Elle réalise son projet quatre ans plus tard en 2008, avec Nathalie Baye dans le rôle de la cliente. En 2013, pour son huitième film, elle fait appel à Michel Blanc pour lui donner la réplique dans Demi-sœur.
TOUS LES TALENTS
Artiste complète, Josiane Balasko, en plus de son sens de l’humour et de l’autodérision, a vraiment tous les talents : comédienne de cinéma et de théâtre, réalisatrice, romancière. Jamaiplu, son dernier recueil de nouvelles fantastiques vient de sortir aux éditions Pygmalion et c’est une vraie réussite saluée par la critique littéraire. « Je fais partie de ces jeunes des années 70 qui ont découvert Philip K. Dick, tous les grands auteurs de science-fiction anglo-saxons et français aussi, et ça ne m’a pas quittée, même si je suis passée au cinéma et que j’ai fait plein de choses ». Une passion qui vient s’ajouter à celle des jeux vidéo dont elle est fan depuis toujours. Certainement sa recette magique pour rester toujours aussi jeune d’esprit et alerte sur scène à bientôt soixante-dix ans. J.B.